Marion Schoutteten est intarissable quand il s’agit de raconter l’histoire de sa marque : « Je dis toujours que je suis l’antithèse d’une entrepreneure », explique-t-elle. « Je n’aurais probablement jamais sauté le pas sans mon mari Gauthier qui, lui, a l’esprit d’entreprise dans le sang. Il m’a dit : « Ton idée est bonne, tu es travailleuse, vas-y ! ». Alors je me suis jetée à l’eau, en me laissant six mois… c’était il y a six ans ! » Aujourd’hui, Orta emploie 30 personnes et fait vivre 400 couturières en Europe. Parce que la marque s’enorgueillit de produire exclusivement en Europe. « C’était l’essence même de mon projet », poursuit Marion.
« Quand je suis revenue en Belgique, après avoir étudié la communication à Londres et à New York, j’ai réalisé qu’il n’existait pour ainsi dire aucune marque de mode stylée, qui soit à la fois éthique et abordable. Souvent, la mode éthique est bien plus chère, ou pas franchement branchée. J’ai eu l’idée folle et la conviction que cela devait être possible et je me suis lancée. Mon fil rouge ? Je veux habiller la femme de tous les jours, celle qui court pour mener plusieurs vies en une seule journée, qui veut se sentir belle et bien dans ses vêtements et qui veut aussi consommer autrement.»
La force de ce projet, c’est la conviction de Marion. « Quand j’ai démarré, j’avais en tout et pour tout 15.000 euros devant moi, le fruit de mon travail étudiant. J’ai dessiné deux blouses et j’ai commencé avec cela. C’est à ce moment-là que j’ai découvert les usines en Europe et tout ce qui se cache derrière une étiquette ; c’est devenu la base de ma démarche. Je ne me contente pas de travailler une mode plus locale, je cherche en permanence des tissus écoresponsables, j’ai eu l’idée de recycler nos propres pièces, et nous produisons de manière raisonnée. Mais le plus délicat est d’offrir cette garantie aux clients qui nous font confiance au meilleur prix. Une mode éthique et abordable, c’est mon obsession, c’est ce qui donne du sens à Orta. » Et ça marche.
Aujourd’hui, l’usine partenaire d’Orta consacre près de 80% de sa production à la marque. « Quand je trouve le partenaire idéal, je suis très fidèle, une autre de mes manies… Nous travaillons donc toujours énormément avec l’usine en France qui a produit mes deux premières blouses. Après quelques saisons, je me suis aussi tournée vers un autre site de production, au Portugal, principalement pour le denim et la maille, deux secteurs pour lesquels le Portugal offre le meilleur rapport qualité/prix et toujours en made in Europe. »
Un autre élément fort de cette entreprise, c’est qu’elle invente une nouvelle notion de la relation client : « Quand j’ai lancé Orta, je n’avais pas de plan marketing. Pour me faire connaître, je n’avais que ma page Instagram. J’y postais mes looks, je partageais des silhouettes et les pièces de la collection, mais très vite, parce que la transparence fait partie des racines d’Orta, j’y ai posté aussi les coulisses de la marque, les usines, les croquis, la vie de l’entreprise, et je pense que c’est cela qui a permis de construire une relation de confiance avec nos clientes. Aujourd’hui, nous avons 209.000 followers et une communauté hyper présente et active, sans qui rien n’aurait été possible. Sans leur interaction, leur implication, nous n’aurions jamais pu décoller de la sorte. La communauté Orta est toujours au rendez-vous, j’ai pu le voir quand nous avons ouvert notre première boutique à Bruxelles cette année, et c’est elle qui, tous les jours, me rappelle que j’ai eu raison d’y croire. »
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