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En 1956, Simone Veil, maman de trois enfants, passe le concours de la magistrature (milieu majoritairement masculin) et est affectée à la direction de l’administration pénitentiaire. Horrifiée par les conditions de détention, elle se battra pour modifier celles-ci et obtenir droit et dignité pour les prisonniers. Missionnée durant la guerre d’Algérie pour y visiter les prisons, elle dressera un rapport accablant qui entraînera le transfert en France de militants du FLN menacés d’exécution et de prisonnières algériennes exposées aux maltraitances et au viol. Des actions sur lesquelles le président algérien Abdelaziz Boutefika reviendra à sa mort, en 2017, soulignant la solidarité que cette grande dame a témoigné à son peuple et les milliers de vies qu’elle a sauvées.
En 1974, nommée ministre de la Santé par le président Valéry Giscard d’Estaing, elle a la charge de faire adopter la loi dépénalisant l’interruption volontaire de grossesse. Une mission qui lui vaudra de nombreuses insultes et menaces, entre autres, de la part de l’extrême-droite et des conservateurs, et qui s’achèvera avec un vote historique : le 30 novembre 1974, après trois jours et deux nuits de débats chahutés, l’Assemblée nationale votera la dépénalisation de l’I.V.G. La loi, baptisée ensuite « Loi Veil » entra en vigueur en janvier 1975. Simone Veil fera également voter en 1974, un texte favorisant l’accès des mineures à la contraception sans accord parental. Des victoires parmi d’autres, qui lui vaudront de devenir une figure majeure du féminisme et de la lutte pour les droits des femmes.
Déportée à Auschwitz à 16 ans avec sa mère (qui y mourra du typhus) et sa sœur Milou, Simone Veil en reviendra, marquée à jamais. A la libération, même si les Français ne sont pas prêts à entendre les témoignages des rescapés, elle se bat pour que personne n’oublie. Elle attendra cependant plusieurs années avant de s’exprimer publiquement sur le génocide et sa propre expérience. De 2001 à 2007, elle présidera la Fondation pour la mémoire de la Shoah. Exemple de résilience, elle mettra un point d’honneur à faire, très tôt, la distinction entre le peuple allemand et les nazis responsables du génocide ; elle fut d’ailleurs l’une des grandes promotrices de la réconciliation entre l’Allemagne et le reste de l’Europe.
« Si nos parents s’étaient efforcés de construire l’Europe, nous n’aurions pas vécu ce que nous avons vécu ». Pour Simone Veil, l’union des peuples était essentielle pour garantir la paix. Après son passage au Ministère de la Santé, elle oeuvra donc pour la construction de l’Europe, conduisant la liste de l’UDF aux premières élections européennes. En 1979, elle devient ainsi la première Présidente du Parlement européen ; poste qu’elle occupera jusqu’en 1982. Elle y sera particulièrement active dans le domaine des droits de l’Homme et des femmes. Après avoir quitté le Parlement, elle ne cessera de s’engager pour l’Europe, soutenant notamment plusieurs associations à vocation européenne comme le Fonds européen pour la liberté d’expression ou la Fondation européenne de la Science. « Avoir fait L’Europe m’a réconciliée avec le XXe siècle », a-t-elle déclaré !