L’opération Mincemeat : l’incroyable coup de poker du MI5 !

En 1943, des espions anglais ont imaginé un scénario fou pour tromper l’armée allemande sur les plans d’invasion des Alliés. Retour sur l’un des plus gros coups de bluff de la Seconde Guerre mondiale.

Une guerre, l’Histoire nous l’a démontré, ne se remporte qu’à coups d’artillerie, de combats et de bombardements. La stratégie joue, elle aussi, un rôle primordial. De tout temps, la ruse a permis de tromper l’ennemi, de surgir sur lui d’une façon qu’il ne soupçonnait même pas … et par-delà, de le mener à la défaite. La Seconde Guerre mondiale fut dans ce domaine riche en stratagèmes élaborés de part et d’autre. Et à ces jeux d’espions, ces messieurs les Anglais se sont révélés particulièrement inventifs. Ce sont par exemple eux qui ont dissimulé, pour mieux frapper ensuite, avoir décrypté les codes d’Enigma, système codé des communications allemandes. Eux aussi, qui ont mis sur pied l’opération Fortitude, qui simula la préparation d’une attaque sur la côte sud-est de l’Angleterre, laissant croire à l’armée allemande que le débarquement aurait lieu à Dieppe … Mais l’un de ses plus beaux coups d’éclats, qui resta longtemps secret, fut l’opération Mincemeat, qui fut mise sur pied en 1943 par une section du MI5. Son but ? Persuader les Allemands que les Alliés ne débarqueraient pas en Sicile, comme le suggérait la concentration des forces en Afrique du nord, mais bien en Sardaigne et sur la côte grecque. Et pour ce faire, les services de renseignements ont utilisé un soldat un peu particulier : un cadavre !

Sur papier, le scénario était « simple » : il s’agissait de faire échouer le corps d’un officier anglais sur une côte espagnole, prétendument victime d’un accident d’avion, avec sur lui, des documents top secret détaillant le faux plan d’attaque. L’opération était des plus risquées car elle nécessitait notamment que le noyé échoue au bon endroit, qu’ensuite, les autorités franquistes, alors proche des Allemands, communiquent effectivement bien ces fausses informations. Mais surtout, il fallait en amont, dénicher ledit soldat, dont les services de renseignements ennemis ne manqueraient pas de vérifier l’authenticité. Les espions anglais ont pour ce faire, créé de toutes pièces un dénommé Major Martin, lui inventant un passé, un parcours, et même une vie amoureuse. Car en plus des plans de bataille, le défunt portait sur lui des documents d’identité, des lettres et une photo de sa fiancée… Mais encore, qui allait donner « corps » à ce « héros » ? Un authentique cadavre pardi, repêché dans les eaux de la Tamise, dont le corps fut « réquisitionné » à la morgue de Londres ! L’opération était plus qu’audacieuse… Un énorme coup de bluff qui a pourtant réussi : après bien des péripéties et sueurs froides, les fausses infos furent finalement communiquées à Hitler, qui fit déplacer ses soldats en Grèce et en Sardaigne, laissant ainsi le champ libre aux soldats anglais en Sicile !

Un scénario digne du cinéma, nous direz-vous ! Vous ne croyez pas si bien dire : cet épisode rocambolesque de la Seconde Guerre Mondiale a fait l’objet d’un roman, écrit par le journaliste Ben MacIntyre, qui sert aujourd’hui de base à une adaptation ciné. Le résultat ? Un thriller palpitant nommé La Ruse, très romancé, mis en images par John Madden, avec Colin Firth, Kelly Macdonald et Matthew MacFayden dans les premiers rôles, à savourer dans les salles obscures dès ce 27 avril. .

Hasard du calendrier, pour l’anecdote, en parallèle à la production du long-métrage, le récit fut également porté sur scène en Angleterre sous forme de… comédie musicale ! Une adaptation burlesque qui fut jouée à guichets fermés à Londres de septembre 2021 à février 2022.