Depuis la nuit des temps, la ruse occupe une place primordiale durant les conflits. Les opérations de désinformation visant à duper l’ennemi pour le pousser à agir selon des intérêts contraires aux siens jalonnent l’Histoire. La Seconde Guerre mondiale n’aurait ainsi pas pris la même tournure si, dans l’ombre, des hommes n’avaient pas orchestré d’audacieux coups de bluff. Et les Anglais se sont révélés particulièrement doués à ce jeu. Winston Churchill avait d’ailleurs fondé en avril 1941 la London Controlling Section, une organisation secrète chargée de concevoir des opérations de mystification. En voici trois…
Egypte, 1941. La situation des Alliés en Afrique du Nord est critique. Stratégiques, le Port d’Alexandrie et le Canal de Suez sont dans la ligne de mire du général Erwin Rommel, « le Renard du désert ». Sur place, la Force A, unité de dissimulation, compte dans ses rangs le sous-lieutenant Jasper Maskelyne, illusionniste professionnel au civil. Avec l’équipe du « Magic Gang », il va d’abord se distinguer en créant un faux port d’Alexandrie à base de maquettes à échelle réduite, dans une baie voisine de la ville, que Rommel fera bombarder, croyant toucher le vrai port ! L’année suivante, il contribua à la défaite de Rommel à El Alamein avec « l’opération Bertram »: pour duper le général allemand, la A Force simula la préparation d’une attaque au sud du dispositif allemand avec de faux canons en bois, faux tanks en bois et en caoutchouc. Pendant ce temps, elle prépara une vraie attaque au nord avec des chars et tanks maquillés en véhicules non-armés ! Et en octobre 1942, les troupes anglaises prirent ainsi l’armée allemande par surprise !
En 1943, les Anglais font échouer le cadavre d’un officier britannique, prétendument victime d’un accident d’avion – en réalité, un personnage créé de toutes pièces par le MI5 et pour lequel fut utilisé le corps d’un SDF - , sur une plage espagnole, portant sur lui des documents confidentiels assurant que les Alliés vont débarquer en Sardaigne et Grèce et non en Sicile, leur vrai objectif. Une opération risquée qui misait sur la qualité des récits inventés en amont et des faux documents, ainsi que sur les accointances des autorités franquistes avec l’armée allemande. Une opération qui est aujourd’hui portée à l’écran par John Madden dans « La Ruse », à découvrir dans les salles dès le 13 avril, avec Colin Firth en tête d’affiche.
Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, 500 parachutistes sont largués par l’aviation britannique dans la région d’Yvetot, de Sant-Lô, Caen et l’Orne… Les premiers signes d’un débarquement de l’armée anglaise en Normandie ? C’est ce que les Allemands vont croire. Sauf que cette opération faisait partie d’une vaste supercherie. Baptisés « Rupert », les soldats parachutés étaient en réalité des poupées de toile, remplies de sable et de paille, et équipées soit de charges explosives, soit d’amplificateurs diffusant des bruits de combat, pour simuler une attaque venue des airs. Et cela va fonctionner : 1500 soldats allemands seront aussitôt retirés de leur position et envoyés sur les sites normands « envahis » pour combattre les poupées de chiffon ! Cette fabuleuse histoire va être portée au cinéma dès le 27/4 dans le film La Ruse