Le présent contenu est édité sous la responsabilité de China Daily et n'engage en aucune façon la rédaction du journal.

La technologie préserve la plus vieille pagode chinoise en bois

Par LUO WANGSHU et ZHU XINGXIN

La pagode Sakyamuni du temple Fogong dans le comté de Yingxian, dans la province du Shanxi, est également connue sous le nom de pagode en bois de Yingxian. ZHU XINGXIN / CHINA DAILY

La pagode Sakyamuni du temple Fogong dans le comté de Yingxian, dans la province du Shanxi, est également connue sous le nom de pagode en bois de Yingxian. ZHU XINGXIN / CHINA DAILY

Grâce à l’intelligence artificielle, la tour haute de 67 mètres est toujours debout, depuis près de 1 000 ans.

On a recours à l’intelligence artificielle pour sauvegarder la plus vieille et la plus haute pagode en bois dans la province du Shanxi, dans le nord de la Chine, alors que l’édifice résiste aux catastrophes naturelles et aux calamités humaines depuis 968 ans. La technologie est utilisée pour mieux faire comprendre la pagode Sakyamuni haute de 67 mètre, visualiser l’évolution de son état au fil du temps et préparer le chantier de sa restauration. L’intelligence artificielle (IA) n’est pas uniquement employée pour préserver la pagode située dans le temple Fogong du comté de Yingxian, mais aussi pour enrichir l’expérience de sa visite en révélant son important intérêt architectural, historique et religieux.

La pagode Sakyamuni est ornée de plaques vieilles de plusieurs siècles écrites par des calligraphes renommés et des empereurs. ZHU XINGXIN / CHINA DAILY

La pagode Sakyamuni est ornée de plaques vieilles de plusieurs siècles écrites par des calligraphes renommés et des empereurs. ZHU XINGXIN / CHINA DAILY

Construite en 1056 sous la dynastie Liao (916-1125), la pagode, entièrement construite en bois sans usage du moindre clou, a résisté à des tremblements de terre, des guerres et autres défis. Sa structure complexe présente d’innombrables mortaises et tenons. Aussi haute qu’un immeuble de 20 étages sur un diamètre de base d’une trentaine de mètres, la pagode représente une remarquable prouesse architecturale. Pour sa protection, les visiteurs ne sont admis qu’au rez-de-chaussée, les niveaux supérieurs étant interdits à la visite. Pour autant, l’IA leur permettra de vivre une visite intégrale de la pagode grâce à une animation en 3D. Quand le célèbre architecte Liang Sicheng s’y est rendu pour la première fois en 1933, il a été impressionné par la complexité de la structure et la conception ingénieuse de l’édifice. Il l’a méticuleusement mesuré, arpenté et archivé, puis présenté ses reliques précieuses à la Chine et au monde.

Un ouvrier fait l’expérience de « gravir » la pagode Sakyamuni à l’aide de la réalité virtuelle en avril. ZHU XINGXIN / CHINA DAILY

Un ouvrier fait l’expérience de « gravir » la pagode Sakyamuni à l’aide de la réalité virtuelle en avril. ZHU XINGXIN / CHINA DAILY

À Yingxian, la pagode Sakyamuni, également connue sous le nom de pagode en bois de Yingxian, est le monument le plus remarquable depuis des générations, mais sous le poids des années elle accuse une légère inclinaison. Zhao Yushan, un charpentier de Yingxian âgé de 63 ans, a été tellement étonné quand, adolescent, il a vu la tour pour la première fois, qu’il a depuis consacré la plupart de sa vie à la reproduire. Il a réalisé de nombreuses versions à l’échelle de la pagode en utilisant les méthodes de construction traditionnelles, et il travaille actuellement sur une réplique haute de 8 mètres. La pagode est une structure octogonale comprenant neuf étages, dont cinq sont visibles de l’extérieur et quatre sont dissimulés à l’intérieur. À chaque étage, les statues bouddhistes et les peintures ornant les parois intérieures du rez-de-chaussée sont toutes des créations remontant à la dynastie Liao. L’inclinaison de la pagode s’étant accentuée ces dernières années, le besoin de restauration est devenu plus urgent. En avril, la société technologique chinoise Lenovo Group et l’école d’architecture de l’université Tsinghua ont sorti un programme de réalité virtuelle reproduisant la pagode. Équipés de lunettes de réalité virtuelle, les visiteurs ont l’impression de gravir les étages de la pagode et d’en explorer l’intérieur. Ce programme a fait l’objet d’un don à l’administration du comté en vue d’être intégré à son musée numérique.

Une statue bouddhiste bien préservée dans la pagode Sakyamuni. ZHU XINGXIN / CHINA DAILY

Une statue bouddhiste bien préservée dans la pagode Sakyamuni. ZHU XINGXIN / CHINA DAILY

En février de l’an dernier, l’école a commencé à conduire des travaux de modélisation sur la structure en bois à l’intérieur de la pagode, et à créer une base de données des paramètres à partir de sa recherche sur la structure. En attendant, le Lenovo Group emploie sa technologie informatique spatiale générée par l’intelligence artificielle, qui combine l’IA, la technologie des champs de radiance neuronale et celle de la réalité étendue pour construire une tour numérique « jumelle » de la pagode. Outre le fait qu’elles profitent aux touristes, ces technologies fournissent un appui technique solide à la recréation de la structure complète et des détails de la pagode. Mao Shijie, vice-président du Lenovo Group et chef de la recherche Lenovo à Shanghai, dit que le projet utilise une technologie de pointe en matière de contenu généré par l’IA, permettant la reconstruction numérique rapide de la pagode en 10 heures. En combinant les algorithmes de l’IA et les données recueillies par drones et caméras radar, le projet vise à recréer exactement les détails complexes de la pagode, précise-t-il.

Le Professeur Liu Chang de l’université Tsinghua souligne l’importance d’une totale compréhension de la pagode sous des perspectives diverses permettant d’en guider une restauration fidèle. Pour lui, le détricotage des transformations historiques de la pagode et la prédiction de son état futur sont des étapes cruciales de la procédure de préservation. M. Liu espère utiliser les données recueillies pour analyser et en déduire l’apparence revêtue par la pagode à différentes périodes. « Je peux voir combien la pagode s’est comprimée et modifiée au fil du temps », affirme-t-il. En révélant son apparence à différents stades de son histoire, le professeur espère spéculer sur l’allure de la pagode à certaines périodes, notamment sous la dynastie Song (960-1279) ou le moment où Liang Sicheng l’a vue dans les années 1930. « Il est même possible de prédire l’apparence future de la pagode en ajustant les paramètres et par simulation de l’évolution potentielle du bois après plus de 100 ans ». Pour M. Liu, la première étape dans la protection, voire la restauration de la pagode, est de la connaître en profondeur.