Les entreprises technologiques embrassent les robots humanoïdes
Par MA SI

Un robot humanoïde de la société UBTECH Robotics au travail dans une usine d’automobiles à Hefei, dans la province d’Anhui. PROVIDED TO CHINA DAILY
En épousant l’intelligence artificielle (IA), elles créent des androïdes ressemblants.
Dans un marché habitué aux innovations tapageuses, qu’il s’agisse du robot Optimus de Tesla ou de l’Atlas de Boston Dynamics, le secteur mondial de la robotique humanoïde a été récemment épaté par un nouveau produit de la jeune pousse chinoise Unitree Robotics. Ce qui le distingue, c’est son prix étonnamment abordable : 99 000 yuan (12 730 euros) pour son tout dernier modèle humanoïde G1. Selon Unitree Robotics, G1 mesure environ 127 centimètres de haut et revendique une impressionnante performance en matière de stabilité et de flexibilité, notamment une rotation du corps à 180 degrés et la capacité de casser des noix « à mains nues ». Si sa taille est plus petite par rapport au Unitree H1 – un humanoïde haut de 1,8 mètre, pesant 47 kilos et équipé d’un radar laser que l’entreprise a dévoilé l’an dernier –, le G1 est également doté de technologies avancées, notamment des mains agiles. Actionné par le modèle linguistique étendu auto-développé UnifoLM, G1 possède de puissantes capacités motrices et des aptitudes d’apprentissage intelligent permettant une grande précision dans la manipulation d’objets, indique Unitree Robotics.

Des visiteurs devant un robot humanoïde de la jeune pousse technologique chinoise Unitree Robotics lors d’une exposition en avril dernier à Pékin. PROVIDED TO CHINA DAILY
« Les composants fondamentaux du bloc mixte du G1, notamment le servomoteur, le réducteur et le contrôleur, sont tous indépendamment élaborés et produits par Unitree », dit Wang Qixin, qui est responsable de la commercialisation chez Unitree Robotics. « Actuellement, les nouvelles technologies, les produits et les formats représentés par les robots humanoïdes et l’intelligence artificielle en général sont florissants et en passe de constituer tout à la fois l’apogée de l’innovation technologique mondiale, une nouvelle voie pour les industries du futur et un nouveau moteur de croissance économique », commente Xu Xiaolan, ancienne vice-ministre de l’industrie et des technologies de l’information. Les percées dans le domaine de l’IA, poursuit-elle, sont une importante force motrice pour le développement des robots humanoïdes au moment où l’intégration entre ces robots et l’IA générale fait l’objet d’un engouement mondial. L’IA générale se rapporte à la polyvalence de l’intelligence artificielle dans l’exécution de tâches multiples telles que la rédaction de dissertations, la détection de défauts de programmation et l’établissement de plans d’action commerciale. C’est ce qui la différencie des précédentes applications de l’IA, plus étroites, qui n’excellent que dans un seul domaine.
On s’attend à ce que le marché mondial des robots humanoïdes soit plus vaste que ne le prévoyaient les analystes de Goldman Sachs Research il y a encore un an. Les perspectives de voir des machines à tout faire, depuis le pliage du linge jusqu’à la gestion des déchets toxiques, progressent au fur et à mesure que l’amélioration de l’IA s’accélère et que les investissements dans le secteur grossissent à un rythme supérieur à ce que l’on anticipait, indique Goldman Sachs Research dans un rapport publié en février dernier. On prévoit que le marché total accessible aux robots humanoïdes atteindra 38 milliards de dollars (35,4 milliards d’euros) à l’horizon 2035, soit une hausse sextuple par rapport à une précédente estimation à 6 milliards de dollars, cite Jacqueline Du, directrice de la recherche chez China Industrial Technology et analyste chez Goldman Sachs Research. Les estimations concernant les expéditions de robots ont été multipliées par quatre, ce qui représenterait 1,4 million d’unités sur la même période, avec une rentabilité réalisable à plus court terme compte tenu d’une réduction prévue de 40% du coût des matériaux. L’Institut de l’électronique de Chine prévoit également que le marché chinois des robots humanoïdes va croître pour s’élever à environ 870 milliards de yuan à l’horizon 2030. « Ce sont les progrès de l’IA qui nous ont le plus surpris », dit Mme Du en se référant aux modèles linguistiques étendus – raison majeure de la révision des prévisions. Goldman Sachs Reasearch fait remarquer les avancées sensibles de l’IA dite « d’un bout à l’autre », permettant l’auto-formation des modèles, donc l’élimination de la nécessité d’un technicien humain pour tout coder à la main. C’est ce qui accélère le développement des robots, en permettant à ces systèmes d’exécuter un plus grand nombre de tâches et de s’adapter plus rapidement à de nouvelles situations, notamment dans le travail hors de l’usine.

Démonstration des aptitudes d’un robot humanoïde en matière d’électro-soudage. PROVIDED TO CHINA DAILY
On relève des signes selon lesquels les composants de robots, depuis les mécanismes de haute précision jusqu’aux actionneurs, pourraient également coûter moins cher que précédemment prévu, ce qui conduirait à une commercialisation plus rapide. Cette situation s’explique principalement par le fait que les composants moins chers sont désormais disponibles, qu’il existe davantage d’options concernant la chaîne d’approvisionnement et que la conception et les techniques de fabrication se sont améliorées. Par conséquent, ces éléments pourraient réduire d’un an le délai des applications en usine et de deux à quatre ans les applications commerciales par rapport aux estimations précédentes de Goldman Sachs Research. La robotique est considérée comme « les joyaux de la Couronne de la production », et les robots humanoïdes sont l’objectif suprême de nombreux acteurs dans le secteur. Par rapport aux robots industriels qui sont appréciés pour leurs capacités mécaniques spécialisées, le principal défi dans leur mise au point consiste à les doter des moyens de simuler les pratiques humaines en matière de perception, de réaction cognitive, de prise de décision et d’exécution en fonction de divers scénarios, estiment les spécialistes. Sensibles aux débouchés comme aux difficultés, tant les entreprises technologiques chinoises que les jeunes pousses œuvrent au renforcement de leurs capacités dans le domaine de la recherche et du développement appliqué aux robots humanoïdes.
« Au cours des derniers mois, on a vu apparaître un grand nombre de nouvelles sociétés de robots humanoïdes, signe que le public prend conscience de ce segment industriel », constate Fu Chunjiang, vice-président de UBTech Robotics, une entreprise de robotique humanoïde de Shenzhen basée sur l’intelligence artificielle dans la province du Guangdong. Les robots humanoïdes, informe M. Fu, peuvent fournir une réaction positive et former un effet de volant d’inertie au contact avec l’IA générale, favorisant par là-même un développement plus rapide du secteur. La société technologique chinoise Xiaomi Corp a de son côté présenté son robot humanoïde CyberOne capable de détecter les émotions. Mesurant 170 cm de haut et pesant 52 kilos, CyberOne est doté d’une liberté de mouvements allant jusqu’à 21 degrés et d’une vitesse de réaction en temps réel qui permet la simulation d’un mouvement humain dans sa totalité.