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Une nouvelle génération marie l’ancien et le moderne

Par CHEN NAN

Une scène de « Disco Dancing Version or Your Sining Knight » (version de danse disco ou votre resplendissant chevalier). PROVIDED TO CHINA DAILY

Une scène de « Disco Dancing Version of Your Shining Knight » (version de danse disco de votre resplendissant chevalier). PROVIDED TO CHINA DAILY

Le mouvement musical qui déferle sur la Chine rend le patrimoine du pays accessible par la technologie et les vidéos.

De jeunes musiciens chinois sont rassemblés autour de leurs instruments dans un studio d’enregistrement sophistiqué. Arborant la tenue traditionnelle hanfu – des robes flottantes dotées de larges manches – et des casques complexes, ils s’apprêtent à créer de la musique, mais il y a un hic. Ces musiciens ne jouent pas de la guitare électrique ou des synthétiseurs, en dépit de leur aura de rock-star et de leurs lunettes de soleil. À la place, leurs mains empoignent des instruments chinois anciens, notamment le erhu (un violon à deux cordes), le guzheng (une cithare chinoise), le suona (un bois perçant à anche double) et le zhongruan (un luth). Le studio pulse d’énergie pendant que les musiciens se préparent à ré-imaginer une chanson populaire des années 1990 et à la transformer en un morceau qui jette un pont entre les mondes ancien et moderne. Leur interprétation, judicieusement baptisée Disco Dancing Version of Your Shining Knight (version de danse disco de votre resplendissant chevalier) remet à la mode le succès cantonais du chanteur-acteur de Hong Kong Hacken Lee en 1991, qui est réapparu dans la culture pop après avoir été à l’affiche de la comédie chinoise de 2018, Hello Mr Billionnaire (Bonjour M. le Milliardaire). La version originale de Your Shining Knight revisitait le temps des journées disco de boule à paillette. Mais cette nouvelle approche combine le rythme disco avec le son de quelque chose de beaucoup plus ancien – les vieilles mélodies chinoises.

Les musiciens pincent leurs cordes et tapent sur leur batterie, en synchronie avec les personnages générés par l’intelligence artificielle et basés sur des reliques historiques chinoises, notamment une figurine de danseuse et un musicien de la dynastie des Han de l’Est (25-220). Ils font partie d’un mouvement plus important qui déferle sur la Chine et célèbre la popularité grandissante de la musique guofeng – un style chinois qui utilise des éléments de la culture traditionnelle. Dans le cadre d’une série de vidéos intitulée Crazy Folk (les gens fous), les artistes y participant ont sorti plus de 300 vidéos musicales depuis octobre 2020, mettant en scène plus de 200 musiciens chinois qui insufflent une nouvelle vie à des chansons pop par le biais du son caractéristique des instruments chinois traditionnels. Leurs vidéos se sont propagées au-delà des fans chinois pour atteindre les publics internationaux par le biais de YouTube et d’autres plateformes de médias.

Des interprètes de musique traditionnelle chinoise et des musiciens classiques se produisant ensemble à Chengdu, dans la province du Sichuan. PROVIDED TO CHINA DAILY

Des interprètes de musique traditionnelle chinoise et des musiciens classiques se produisant ensemble à Chengdu, dans la province du Sichuan. PROVIDED TO CHINA DAILY

Derrière Crazy Folk se profile un groupe talentueux de jeunes musiciens approchant de leurs 30 ans et de jeunes trentenaires, tous ayant reçu une formation classique dans de prestigieux conservatoires de musique. Li Haoyan, l’une des architectes de l’équipe chargée du projet, estime que l’attrait de la musique traditionnelle chinoise réside non seulement dans sa sonorité caractéristique, mais également dans la beauté esthétique des instruments eux-mêmes. « La musique chinoise traditionnelle est incroyablement expressive », dit Mme Li. « Les instruments éveillent de puissantes émotions et visuellement, ils sont captivants pour des publics modernes ». La jeunesse chinoise est de plus en plus attirée par son patrimoine culturel, dans lequel elle cherche à reprendre contact avec les valeurs traditionnelles dans un univers rapidement façonné par la mondialisation, ajoute-t-elle. La mission de l’équipe n’est pas seulement de préserver ces sons anciens mais de leur insuffler une nouvelle vie grâce à la technologie. En faisant appel à l’intelligence artificielle et à la narration, créent de nouvelles façons de présenter la musique traditionnelle et d’incorporer, dans leur interprétation, l’histoire, des artefacts de musées et des reliques culturelles.

Pour Xue Yiying, une joueuse de erhu de 26 ans originaire de Chengdu, dans la province du Sichuan, jouer de la musique traditionnelle dans un contexte moderne crée une impression à la fois de nostalgie et de fraîcheur. « J’ai grandi en jouant du erhu, ma grand-mère, qui était passionnée de musique traditionnelle chinoise, m’ayant enseigné l’instrument », se souvient Mme Xue. Le erhu, souvent décrit comme la réponse de la Chine au violon, est connu pour sa belle tonalité envoûtante, capable d’exprimer une large gamme d’émotions. « J’avais l’habitude de le jouer dans son style caractéristique, plus doux », dit Mme Xue, « mais Crazy Folk m’a ouvert les yeux sur une nouvelle façon de le rendre. Nous prenons des chansons que les gens adorent vraiment et leur donnons une nouvelle tournure ». Elle explique comment l’interprétation d’une chanson pop très connue sur un instrument ancien tel que le guqin ou pipa injecte une nouvelle vie dans le morceau. « C’est comme le fait de redécouvrir quelque chose de familier dans un style complètement neuf », dit-elle. « Ces instruments n’ont pas d’âge. Notre but n’est pas seulement de préserver la tradition mais de montrer comment ces instruments, dont certains ont plus de mille ans, sont encore susceptibles d’émouvoir et d’inspirer les publics d’aujourd’hui – en particulier chez les jeunes générations qui ne leur ont peut-être jamais prêté attention auparavant ».