Les jeunes s’intéressent à la médecine traditionnelle
Par ZHAO RUINAN

Application de la thérapie de moxibustion à base de calebasse dans un centre de santé à Pingliang, dans la province du Gansu, le 16 juillet dernier. LI YALONG / CHINA NEWS SERVICE.
Ils sont de plus en plus nombreux à rechercher les méthodes transmises à travers les âges pour soulager les maux, les douleurs et autres affections.
À la mi-juillet, une longue queue s’étirait dans la salle du service ambulatoire de l’hôpital provincial de médecine traditionnelle chinoise du Jiangxi, à Nanchang. Nombre des patients, notamment une grande quantité de jeunes, y étaient venus pour le sanfutie. Le sanfutie est un traitement de médecine traditionnelle administré pendant les jours de sanfu au mitan de l’été. La procédure consiste à placer de petits pansements adhésifs carrés ou des bandages à base de plantes sur diverses parties du dos et du cou. « Le sanfutie est généralement appliqué par cycles de trois années car il requiert une application continue pendant cette période pour obtenir les meilleurs résultats », précise Xu Maolin, âgée de 31 ans, qui a essayé le sanfutie pour la première fois l’an dernier et est actuellement dans la deuxième année de son traitement. La période de sanfu, ou les jours de canicule, se rapporte à la plus chaude partie de l’été selon le calendrier lunaire chinois. Elle est intervenue entre le 15 juillet et le 14 août cette année. D’après une théorie de la médecine traditionnelle chinoise, les jours de sanfu sont une excellente période pour la préservation de la santé et la guérison des maladies. « Je fais de la rhinite depuis toute petite et je souffrais d’un nez qui coulait chaque matin et chaque soir en automne et en hiver », confie Mme Xu. « L’an dernier, j’ai essayé le traitement sanfutie pour la première fois. Ma rhinite s’en est trouvée nettement améliorée et je me sentais bien ».

Une employée du service médical donnant des conseils sanitaires à un jeune patient lors d’une manifestation scientifique très courue concernant l’acupuncture thermique à Nanchang, dans la province du Jiangxi, le 8 août dernier. PROVIDED TO CHINA DAILY
Depuis quelque temps, les jeunes manifestent un intérêt grandissant pour la médecine traditionnelle. La vue de leur fréquentation en masse des services de massage dans les principaux hôpitaux de Pékin et de Shanghai fait les gros titres des médias. Outre les massages, des techniques telles que l’acupuncture attirent les jeunes générations en plus grand nombre. Selon des données publiées par China Media Group, en 2023, la consommation de produits de santé figurait au troisième rang sur la liste des préférences d’achats parmi les jeunes adultes âgés de 18 à 35 ans. Selon un rapport sur les dépenses de nutrition en 2022, les jeunes participent activement au mode de consommation des gens soucieux de leur santé. La population urbaine dépense en moyenne plus de 1 000 yuan (130 euros) chaque année en matière de santé et de bien-être, les jeunes âgés de 18 à 35 ans représentant 83,7% du total.
Yuan Shuwu, originaire du comté de Fushan, ville de Linfen, province du Shanxi, a fait l’expérience de l’efficacité du traitement par la médecine traditionnelle cet été. Elle s’était foulé le poignet en déplaçant des objets lourds chez elle. Le lendemain matin, le dos de sa main droite était enflé et elle était incapable de bouger le bras au-delà de son coudre droit. Elle décida d’essayer le traitement traditionnel et se rendit à l’hôpital du comté spécialisé dans cette médecine. « La docteure n’a rien dit au sujet de ma main, se contentant de masser continuellement le côté droit de mon cou », relate Mme Yuan. « Puis elle m’a dit qu’une forte pression sur mon cou pendant une longue période avait causé une fatigue des tendons de mon bras droit et qu’une légère irritation consécutive au déplacement de lourds objets les avait déstabilisés », ajoute-t-elle. La docteure a traité son état par l’acupuncture.
« Elle a introduit une aiguille dans le côté droit de mon cou. J’ai ressenti un effet analogue à celui ressenti au spectacle d’une scène de film d’arts martiaux, là où l’énergie était canalisée. Une charge électrique est passée de mon cou à mon coude pour finir par atteindre le bout de mes doigts », explique Mme Yuan. « Après le traitement, je pouvais immédiatement bouger ma main droite ». Elle dit que la docteure a alors appliqué une thérapie de moxibustion sur sa main droite pendant une demi-heure, pour obtenir une guérison à environ 90%. « Au bout de deux à trois jours de repos à la maison, j’étais totalement rétablie », conclut-elle. Zhou Yunxian, ancien médecin en chef de l’institut d’acupuncture et de moxibustion de l’académie des sciences médicales chinoises, remarque une tendance croissante chez les jeunes, qui les voit rechercher un traitement traditionnel ces dernières années beaucoup plus que par le passé. « La méthode traditionnelle est hautement efficace dans le traitement des maladies, en particulier dans le soulagement des symptômes tels que la douleur. Aujourd’hui, les jeunes sont soumis à une forte pression, et des habitudes de vie telles que le fait de se coucher tard et de rester assis longtemps au travail font qu’ils se sentent souvent dans un état inconfortable. Le cou et le bas du dos sont devenus des parties du corps couramment soumises à des affections professionnelles chez de nombreux employés de bureau », affirme le médecin de 86 ans. La sensibilisation à la santé chez les jeunes Chinois semble à la hausse. Sur Xiaohongshu, une application consacrée à l’hygiène de vie s’adressant à une base de jeunes utilisateurs, on compte plus de 9 millions de messages postés avec les mots clés « préservation de la santé », dont plus de 1,6 millions concernent la médecine traditionnelle. Les boissons médicinales telles que le suanmeitang (un jus de prunes aigres) et le thé aux baies de goji sont adoptées par les consommateurs de la génération Z. En novembre 2023, une enquête conduite par le quotidien China Youth Daily, conjointement avec un site Web, a révélé que dans 74,3% de leurs réponses, les jeunes participants se disaient soucieux de la préservation de la santé par la médecine traditionnelle. En outre, 94% avaient une notion des concepts relatifs à la santé par la médecine traditionnelle, et 93.3% l’avaient essayée dans le cadre de divers diagnostics et méthodes de traitement.