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Marché de l’occasion : bon pour les affaires et l’écologie

Par YU RAN pour China Daily

Des étudiants bientôt diplômés d’une université à Zhengzhou, dans la province du Henan, installant des stands sur le campus pour vendre leurs divers articles d’occasion, en juin dernier. PROVIDED TO CHINA DAILY

Des étudiants bientôt diplômés d’une université à Zhengzhou, dans la province du Henan, installant des stands sur le campus pour vendre leurs divers articles d’occasion, en juin dernier. PROVIDED TO CHINA DAILY

L’augmentation du recyclage chez les consommateurs contribue à un style de vie respectueux de l’environnement.

Depuis les vêtements et les sacs à main dont on ne veut plus jusqu’aux meubles et aux livres, le commerce des marchandises de seconde main se développe rapidement en Chine – offrant non seulement de bonnes affaires mais aussi des avantages écologiques. La tendance qui va croissant représente une évolution de l’état d’esprit de la population chinoise, qui voit des consommateurs de plus en plus nombreux reconnaître l’intérêt de prolonger la durée de vie des produits en les réutilisant ou en les recyclant. En adhérant au marché de l’occasion, ils ne trouvent pas seulement des alternatives rentables au marché du neuf, ils contribuent aussi à un mode de vie plus durable et respectueux de l’environnement par le biais du recyclage des articles. Kang Lin, la quarantaine, est originaire de Shenzhen, dans la province du Guangdong. Voyageuse chevronnée, elle a vécu à Oxford, au Royaume-Uni, pendant un an et demi, à Shanghai pendant un an et à Chiang Mai, dans le nord de la Thaïlande, pendant 12 mois. Pour elle, l’achat d’articles de seconde main est plus qu’une simple mesure d’économie – c’est un choix de style de vie qui honore la durabilité et révèle des trésors cachés d’un autre temps. « Quand je vivais à l’étranger, l’achat d’articles de seconde main était l’option la plus économique car ces articles étaient bon marché », dit-elle. « C’était aussi plus respectueux de l’environnement car cela permettait d’éviter que des articles pouvant encore servir finissent dans la poubelle – mes biens dont je ne veux plus sont peut-être désirés par autrui, et vice-versa ». Mais les prix abordables ne sont pas la seule raison de l’attrait de Mme Kang pour les achats de seconde main. Elle recherche « l’occasion de découvrir des trésors – surtout des objets anciens qui offrent un aperçu des techniques de production passées ».

Des passionnés de photographie choisissant du matériel et des accessoires d’appareil photo dans une bourse d’échange à Pékin le 21 avril. SONG JIARU / FOR CHINA DAILY

Des passionnés de photographie choisissant du matériel et des accessoires d’appareil photo dans une bourse d’échange à Pékin le 21 avril. SONG JIARU / FOR CHINA DAILY

Mme Kang découvre des « joyaux » de la période située entre les années 1920 et 1950 sans aucun signe d’usure, notamment une bouteille thermo de 1925 et des caleçons militaires longs en laine. « Il y avait aussi des outils en laiton de haute qualité vieux de plusieurs décennies et des œuvres pionnières de pop art… J’avais l’impression d’être entrée dans un musée », commente-t-elle. Le magasin de recyclage Deja Vu (« Deja Vu Recycle Store », titre inspiré du français « Déjà vu ») a lancé son application mobile en 2017 et développé son commerce de revente de vêtements d'occasion en 2020. Jusqu'en juillet 2024, Deja Vu avait recyclé près de 600 000 livres et environ 300 000 vêtements chaque année et sa banque de données contenait plus de 8 000 marques. Les produits sont vendus avec garantie sur leur authenticité et le magasin promet aux clients un dédommagement équivalant à trois fois le prix d’achat si l’article se révèle être une contrefaçon. Les vêtements piratés qui sont détectés sont rejetés ou détruits, précise la société.

Des acheteuses choisissant des produits dans un point de vente du magasin de recyclage Deja Vu à Pékin, en juin 2023. PROVIDED TO CHINA DAILY

Des acheteuses choisissant des produits dans un point de vente du magasin de recyclage Deja Vu à Pékin, en juin 2023. PROVIDED TO CHINA DAILY

En 2020, Deja Vu a mis en place une procédure d’authentification relative aux vêtements de seconde main, construit pour ces vêtements un établissement entièrement automatisé, ouvert une boutique d’articles de seconde main très fréquentée dans Anfu Road à Shanghai et lancé les ventes de vêtements en ligne sur son application. À la mi-mai, Deja Vu a ouvert un magasin à Hongqiao Tian Di, comprenant une surface de vente de 1 500 mètres carrés et proposant près de 6 000 articles de seconde main. Le volume de transactions du marché chinois de marchandises usagées a dépassé 1 billion de yuan (126 milliards d’euros) en 2020 et devrait atteindre 3 billions de yuan en 2025, selon un rapport de l’Institut de l’énergie, de l’environnement et de l’économie de l’université Tsinghua. Selon les données de Xianyu, l’une des principales plateformes chinoises d’échange de produits d’occasion, le volume de transactions journalier sur cette plateforme a dépassé 1 milliard de yuan. Au cours de l’année dernière, Xianyu a listé environ 4 millions d’articles de seconde main sur une base journalière. Les utilisateurs appartiennent dans 43% des cas à la génération post-1995, et dans une proportion de 22%, à la génération post-2000, indiquent les données. L’évolution générationnelle se manifeste aussi dans la façon dont la consommation affecte l’environnement. D’après le rapport sur le développement vert en matière de commerce électronique en Chine, rendu public en 2023 par le centre international de commerce électronique pour la Chine, plus de 60% des participants à l’enquête comprennent le concept de la consommation verte. Ceux qui sont nés dans les années 1990 et 2000 font preuve d’une compréhension sensiblement plus profonde de ce concept par rapport à d’autres groupes d’âge, selon des taux atteignant 70% et 79% respectivement.

Des acheteurs choisissant des produits dans un point de vente du magasin de recyclage Deja Vu à Pékin, en juin 2023. PROVIDED TO CHINA DAILY

Des acheteurs choisissant des produits dans un point de vente du magasin de recyclage Deja Vu à Pékin, en juin 2023. PROVIDED TO CHINA DAILY

Wen Tianyi, une étudiante de 21 ans dans une université de Pékin, dépense chaque année entre 1 000 et 2 000 yuan environ en achats de marchandises de seconde main et se débarrasse d’environ 10 articles par an. Le premier article non utilisé que Tianyi a vendu sur Xianyu était une bouteille de parfum dans une boîte aveugle qu’elle avait achetée. La raison initiale qui motivait son achat d’articles d’occasion était simplement d’économiser de l’argent. Nombre des produits étaient relativement neufs, n’ayant été utilisés que de temps à autre. Comme il s’agissait de marchandises de seconde main, les prix comportaient une remise considérable. Tianyi estime que l’achat et la vente de marchandises d’occasion ont remodelé ses idées sur la consommation. Elle préconise une approche minimaliste de la vie, prête une plus grande attention à l’argent qu’elle peut économiser et veille à se débarrasser de ses possessions inutilisées. « Après m’être occupée d’articles inemployés et lancée dans la consommation de seconde main, j’ai adopté le concept d’un mode de vie minimaliste », confie-t-elle. « Passant d’une habitude d’acheter constamment à un besoin de désencombrer et de laisser courir, j’ai peut-être trouvé un style de vie qui me convient vraiment ».