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Des berges vertes pour préserver le fleuve Jaune

Par HOU LIQIANG

Des touristes photographiant le paysage panoramique du premier coude du fleuve Jaune dans le comté de Zoige de la province du Sichuan, en juin dernier. WANG XI / XINHUA

Des touristes photographiant le paysage panoramique du premier coude du fleuve Jaune dans le comté de Zoige de la province du Sichuan, en juin dernier. WANG XI / XINHUA

Quand des retenues de sédiment permettent à l’environnement naturel de prospérer.

Vivant près des méandres du cours d’eau du Jiaqu, un affluent du fleuve Jaune, les habitants du village de Pema Lhade, dans le comté d’Aba, de la province du Sichuan, avaient l’habitude de subir les lourds effets de la saison des pluies. Quand les eaux de pluie grossissaient le cours d’eau, les inondations qui en résultaient érodaient souvent ses berges de terre, provoquant d’importantes brèches. Par voie de conséquence, la zone du village se transformait rapidement en une immense étendue d’eau, si bien que les habitants avaient du mal à conduire le bétail ou transporter le lait au marché, se souvient Tsetanpal, un villageois de 39 ans. Mais ce scénario appartient désormais au passé depuis qu’une berge de 5 kilomètres a été construite. Ce qui fait la particularité de cette berge, cependant, c’est qu’elle a été réalisée sans l’utilisation de béton.

Alors que le pays avance dans la protection écologique et le développement de haute qualité dans le bassin du fleuve Jaune, la « berge écologique » construite à Pema Lhade illustre un exemple d’une série d’approches respectueuses de l’environnement que les gouvernements ont utilisées pour contribuer à la préservation du « fleuve mère » de la nation chinoise. Sur le pont qui traverse les prairies du village, les visiteurs peineraient à trouver l’endroit où se situe la berge. Au lieu de ciment, on a recours à un « sac écologique » rempli de terre et de graines de graminées. « Une berge en béton aboutirait à une complète séparation de la rivière et des zones humides qui l’entourent, coupant de ce fait l’échange d’eau entre elles », dit Li Rui, directeur adjoint du centre de service des eaux.

Des touristes photographiant des oiseaux et  leur donnant à manger dans la zone pittoresque de Zoige en juillet de l’an dernier. PROVIDED TO CHINA DAILY

Des touristes photographiant des oiseaux et leur donnant à manger dans la zone pittoresque de Zoige en juillet de l’an dernier. PROVIDED TO CHINA DAILY

Il s’avère que la berge écologique, réalisée à de bien moindres frais, fonctionne très bien depuis son achèvement, poursuit M. Li en portant son regard sur la berge aujourd’hui recouverte d’herbe luxuriante qui rend les sacs écologiques installés à sa base à peine visibles de loin. Auparavant, d’importantes quantités de terre et de sable étaient abandonnées sur la rive après le retrait des eaux, ce qui conduisait à une montée continue du lit de la rivière, explique-t-il. Qui plus est, les inondations rongeaient les herbes le long du rivage et mettaient en péril les prairies dont dépend la population locale pour ses moyens de subsistance.

Voie fluviale contenant la plus grande quantité de sédiment sur la Terre, le fleuve Jaune voit son lit monter de plusieurs mètres au-dessus du sol environnant dans son cours supérieur, en raison de dépôts excessifs. C’est ce qui fait du contrôle de l’érosion du sol un aspect important de la gestion du fleuve, bien que les dépôts de sédiment dans cette voie longue de 5 464 km proviennent principalement du plateau de Loess dans son cours moyen. Les berges écologiques ont fait la preuve de leur efficacité dans la gestion de ces défis après avoir été testées avec succès pendant deux saisons de pluies, affirme M. Li en ajoutant qu’il est possible que cette solution soit mise en œuvre dans d’autres domaines à l’avenir. Prenant sa source dans la province du Qinghai, le fleuve Jaune, souvent désigné comme le berceau de la civilisation chinoise, traverse neuf provinces et régions autonomes, notamment le Sichuan et le Henan, avant de se jeter dans la mer de Bohai dans la province du Shandong, en Chine orientale.

Toutes les parties du fleuve Jaune situées dans le Sichuan, qui s’étendent sur 174 km, traversent quatre comtés : Aba, Songpan, Hongyuan et Zoige. Les zones humides emmagasinant près de 10 milliards de mètres cubes d’eau, ces zones constituent un fournisseur d’eau clé pour le fleuve Jaune dans son cours supérieur, à hauteur de 40% de son eau dans les périodes de faible débit et de 26% dans celles de fort débit. À Hongyuan, les autorités locales ont adopté une approche écologique semblable dans le traitement de la rivière Nagpo Tsecbu. « On construit une berge avec des conteneurs grillagés », fait savoir Jiang Jian, directeur du bureau de l’écologie et de l’environnement de Hongyuan. « Ces gabions allient les nécessités de la protection alimentaire à un effort sérieux de restauration écologique, en parfaite harmonie avec l’écosystème environnant ».

La berge de 9,6 km a été achevée en octobre de l’an dernier et une série d’autres programmes de réparation ont été mis en œuvre parallèlement, notamment la restauration d’une prairie de 8 km carrés, indique M. Jiang. Auparavant, la rive était soumise à l’érosion qui asséchait les prairies, dit-il. Les berges construites avec des gabions, qui permettent une bonne perméabilité de l’eau, répondent non seulement aux problèmes, elles empêchent également les excréments du bétail de pénétrer dans la rivière. Les espaces entre les pierres des gabions sont susceptibles de retenir le sédiment dans l’eau, de favoriser ainsi la poussée de végétation naturelle et de progressivement restaurer l’environnement écologique initial, ajoute M. Jiang. « La zone était une prairie qui s’était dégradée car gravement touchée par la désertification, avec une couverture végétale réduite de 10 à 20%. Aujourd’hui restaurée, elle ressemble aux prairies environnantes », précise-t-il. Les solutions respectueuses de l’environnement sont également mises en œuvre dans la région pour la restauration des zones humides. Dans le cadre d’un projet pilote de remise en état du lac des Fleurs dans le comté de Zoige, qui se remplit chaque année d’environ 4,4 milliards de mètres cube d’eau provenant du fleuve Jaune, l’administration de la réserve naturelle nationale de Zoige a érigé une digue de pierre et de terre longue de 1,740 mètre pour permettre la récupération des espaces aquatiques. Au cours de la dernière décennie, la zone humide du lac des Fleurs a vu son espace aquatique passer de 215 à 650 hectares et le niveau de l’eau monter de 52 centimètres. En outre, ce sont au total 892 hectares de marais qui ont été restaurés.