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De quoi faire reculer le désert

Par YAN DONGJIE et CUI JIA

Une ouvrière arrosant en avril dernier des arbres plantés à l’orée des terres sableuses de Horqin à Tongliao, dans la région autonome de Mongolie intérieure. LIAN ZHEN / XINHUA

Une ouvrière arrosant en avril dernier des arbres plantés à l’orée des terres sableuses de Horqin à Tongliao, dans la région autonome de Mongolie intérieure. LIAN ZHEN / XINHUA

Un projet lancé en 1978 permet la constitution d’une vaste barrière contre la propagation de terres sableuses dans le nord de la Chine.

En matière de déserts, la Chine est sans doute l’un des derniers pays auxquels penseraient la plupart des gens, mais en fait, elle contient une plus grande variété de zones désertiques qu’aucun endroit sur la planète. Près de 18% de la masse continentale du pays, soit 1,69 millions de kilomètres carrés, sont classés désertifiés. La menace et la propagation de ces déserts, qui couvrent de larges pans du nord-ouest, du nord et du nord-est du pays, sont présentes depuis des siècles.

Toutefois, plusieurs générations de Chinois travailleurs et dévoués font de la lutte pour contrôler ces déserts leur raison d’être. Pour ce faire, ils sont sortis des schémas établis, ou du système, en plantant des arbres et des buissons pour créer une grande muraille verte qui traverse 13 provinces et régions autonomes du nord de la Chine. Plus de 150 millions d’hectares de terres agricoles sont ainsi protégées. Dans les années 1950, la Chine était considérée comme l’un des pays les plus désertifiés, avec des régions comme le comté de Zhangwu, dans la province du Liaoning dans le nord-est, dont la surface est à 90% recouverte de sable. En 1978, le gouvernement central a pris la décision importante de mettre en œuvre le programme Three-North Shelterbelt (ceinture de couverture des trois nord) dans 13 provinces et régions autonomes du nord de la Chine pour lutter contre la désertification. Au cours des dernières 45 années, plus de 45% des terres désertifiées ont été maîtrisés, 61% de la zone soumise à l’érosion du sol ont été pris en charge et la proportion de couverture forestière est passée d’un peu plus de 5% à 13,84%.

Une zone traitée des terres sableuses de Horqin à Tongliao, en mai. LIAN ZHEN / XINHUA

Une zone traitée des terres sableuses de Horqin à Tongliao, en mai. LIAN ZHEN / XINHUA

Lu Qi, directeur de l’institut de recherche lié au programme Three-North, explique que « chaque projet de contrôle de la désertification est aujourd’hui planifié sur la base des conditions et des ressources des différentes régions, en s’appuyant sur les résultats de la recherche, après que l’objectif du contrôle de la désertification a fait l’objet d’un consensus pour s’assurer que la vie des gens et le développement de la région ne seront pas menacés par les déserts, qui ont cependant besoin d’être également protégés car ils sont des éléments essentiels du système écologique ». Pour Dang Hongzhong, un chercheur à l’Académie chinoise des forêts et à l’Institut de recherche du programme Three-North, « la clé de la réussite de la Chine sur la voie de la prévention et du contrôle du sable réside dans la prise de décision et la planification sur une base scientifique ». Il estime que l’action novatrice prise par le comté de Zhangwu dans les années 1950 a été un pas en avant vers le contrôle de la situation. En 1952, le Zhangwu a établi le premier institut créé en Chine en matière de contrôle du sable, et nommé Liu Bin à sa direction. M. Liu et d’autres pionniers dans cette spécialité décidèrent de faire venir, des montagnes du Grand Khingan, une variété de pins de Mongolie dits « Mongolian Scots » pour contrôler les zones sableuses.

« La pensée traditionnelle veut que l’on utilise des arbrisseaux ou des herbes pour contrôler les zones sableuses changeantes, et la plantation d’arbres sur des dunes de sable mouvantes allait à l’encontre les lois de la nature », indique M. Dang. « Les anciens spécialistes, qui n’étaient pas prisonniers des règles traditionnelles, ont fait d’audacieuses percées en se lançant dans une voie innovante que personne n’avait imaginée ». Bien qu’ils aient découvert une espèce d’arbres résistante à la sécheresse, leur plantation sur une surface sableuse mouvante représentait un défi. « Le Zhangwu était à huit latitudes de l’habitat d’origine du pin Mongolian Scots, ce qui rendait difficile la venue de cette variété », souligne Zhang Xueli, directeur adjoint de l’Institut de recherche sur le contrôle et l’utilisation du sable dans la province du Liaoning. M. Liu et d’autres pionniers de la spécialité importèrent des pins Mongolian Scots pendant trois ans. La première année, quasiment tous les jeunes arbres périrent.

Des ouvriers transportant de jeunes arbres vers les terres sableuse de Horqin en avril. LIAN ZHEN / XINHUA

Des ouvriers transportant de jeunes arbres vers les terres sableuse de Horqin en avril. LIAN ZHEN / XINHUA

« Les spécialistes découvrirent plus tard que dans son habitat d’origine, le pin Mongolian Scots était couvert d’une épaisse couche de neige en hiver, ce qui lui procure une isolation et une rétention de l’humidité. Cependant, le Zhangwu est très sec en hiver et au printemps, ainsi que fouetté par des vents forts, et seuls deux jeunes arbres, accidentellement ensevelis par le sable, survécurent », précise M. Zhang. Forts de cette expérience, les chercheurs recouvrirent de sable et de terre le lot suivant de pins plantés. Ces pins survécurent à l’hiver et poussèrent pour former la plus vieille forêt existante dans la zone sableuse. Au cours des 70 dernières années, le taux de couverture forestière du Zhangwu est passé de moins de 3% à plus de 30%, et plus de 8 500 techniciens forestiers ont fait profiter plus de 10 provinces de leur expertise en matière de reboisement et de fixation du sable, ce qui s’est traduit par la plantation de forêts sur plus d’un million d’hectares. Outre le pin Mongolian Scots, près de 500 espèces pouvant être utilisées comme coupe-vents et pour la fixation du sable ont été recensées au cours de la pratique menée en Chine pendant des décennies en matière de contrôle des mouvements sableux.