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Destination Xitang et son histoire

Par WANG RU

Vue pittoresque de l’ancienne ville de Xitang à Jiaxing, dans la province du Zhejiang, où sont réunis les éléments caractéristiques d’une peinture de paysage traditionnelle. JIANG DONG / CHINA DAILY

Vue pittoresque de l’ancienne ville de Xitang à Jiaxing, dans la province du Zhejiang, où sont réunis les éléments caractéristiques d’une peinture de paysage traditionnelle. JIANG DONG / CHINA DAILY

Cette ville de canaux attire des foules de touristes séduits par son ambiance reposante.

Une scène, dans Mission impossible 3, où l’on voit Tom Cruise détaler dans les petites allées d’une ville chinoise pittoresque, a fait une forte impression sur les spectateurs qui ont contribué à la popularité de Xitang, une ancienne ville du comté de Jiashan, rattachée à la ville préfecture de Jiaxing dans la province du Zhejiang, où a eu lieu le tournage en 2005. Le succès du film a en effet propulsé Xitang à un rôle vedette dans le secteur touristique. En se promenant le long des canaux de la ville, les visiteurs peuvent s’imaginer dans un tableau à l’encre de Chine représentant des rues pavées de couleur bleue, des allées pittoresques et des maisons dans le style caractéristique de Huizhou, une ville préfecture historique à cheval sur la bordure entre le sud de la province d’Anhui et le nord de celle du Jiangxi, où les demeures ont des murs blancs, des toits de tuiles sombres et des pignons à têtes de cheval superposées.

La semaine culturelle hanfu à Xitang voit de nombreux visiteurs revêtir le costume traditionnel. PROVIDED TO CHINA DAILY

La semaine culturelle hanfu à Xitang voit de nombreux visiteurs revêtir le costume traditionnel. PROVIDED TO CHINA DAILY

Bientôt deux décennies plus tard, la ville baignée d’eau regorge encore de visiteurs venus apprécier son site et sa culture. Au cours des âges, le développement de Xitang est resté étroitement associé à la culture, qui a conféré à cette ancienne ville une nouvelle noblesse, commente Han Jinmei, un spécialiste basé dans le comté de Jiashan, par ailleurs ancien directeur adjoint de l’office de la culture de Jiashan. Selon lui, trois types de culture sont entrelacés dans la ville – l’agriculture, le commerce et la culture ordinaire –, Xitang ayant aussi une culture agricole particulière dont les racines remontent à la dynastie Tang (618-907).

Les agriculteurs pratiquaient le troc et le commerce pour répondre aux besoins journaliers de la ville, la transformant progressivement en un marché florissant sous la dynastie Song (960-1279). Puis la dynastie Qing (1644-1911) vit des marchands de Huizhou migrer vers l’est en direction de Xitang, incitant de ce fait des gens toujours plus nombreux à s’installer dans la ville pour fournir des services aux agriculteurs et en faire petit à petit un pôle commercial. « Dans de nombreux cas, les ancêtres des marchands étaient des agriculteurs. La formation, le développement, le changement d’échelle de la ville et l’amélioration de ses conditions de vie sont tous liés à l’agriculture. C’est pourquoi nous disons qu’elle a une profonde culture agricole », explique M. Han.

Ce restaurant fournit un point de vue parfait pour apprécier le site. JIANG DONG / CHINA DAILY

Ce restaurant fournit un point de vue parfait pour apprécier le site. JIANG DONG / CHINA DAILY

La culture se voit encore avec éclat dans les tiange (littéralement les chansons des champs) de Jiashan que chantaient les cultivateurs en travaillant dans les champs. Cette coutume, caractérisée par la clarté et la mélodie de son style narratif, est reconnue comme faisant partie du patrimoine culturel immatériel au niveau national. Au mitan de la dynastie Qing, certains marchands de Huizhou apportèrent avec eux leurs valeurs esthétiques et leurs pratiques commerciales, donnant ainsi naissance à une culture raffinée à Xitang, observe M. Han. « Les marchands de Huizhou ont apporté des constructions de style Huizhou, avec leurs pignons à têtes de cheval superposées que Xitang n’avait pas précédemment. Par ailleurs, ils étaient connus pour leur crédibilité et leur bienveillance, c’est donc cet esprit dans lequel se font les affaires qu’ils ont aussi donné à Xitang ».

Des touristes visitent l'ancienne ville de Puyuan, également une ville de canaux pas loin de Xitang à Jiaxing, dans la province du Zhejiang. LAN HONGGUANG / XINHUA

Des touristes visitent l'ancienne ville de Puyuan, également une ville de canaux pas loin de Xitang à Jiaxing, dans la province du Zhejiang. LAN HONGGUANG / XINHUA

M. Han insiste sur les galeries couvertes de la ville, dont certaines s’étendent sur près de 1 000 mètres. Elles sont une invention des marchands de Huizhou, qui construisirent des abris devant leurs boutiques pour offrir un refuge à leurs clients par mauvais temps – vent fort, pluie ou neige. Les autorités locales commencèrent à développer le tourisme en 1996. Elles se sont efforcées de préserver les caractéristiques originelles de la ville, axant leur action sur la protection des vieilles constructions, des canaux, des ponts et des allées tout en maintenant sur place les habitants d’origine. Un côté de la ville est constitué du prospère quartier commercial et de ses rangées de boutiques au bord de l’eau. La scène n’a pas changé depuis la dynastie Qing. Les demeures des gens sont souvent situées juste derrière les boutiques. La ville compte encore 2 600 foyers. L’ancienne ville est également renommée pour son pankou (littéralement « boutons en rouleau »), des nœuds boutons chinois faits de tissu ou d’étoffe quelconque. Ils sont utilisés comme fermetures ou éléments décoratifs sur les habits traditionnels.

Peng Lihua, une héritière de l’artisanat relatif à la confection des boutons, active dans cette spécialité depuis plus de deux décennies, dit que le pankou remonte à plus d’un millénaire. Les nœuds-boutons sont entièrement faits main et proposés en divers styles. Depuis quelques années, le pankou connaît un engouement qui donne lieu à de nouveaux articles, notamment de petite bijouterie où certains de ses éléments sont utilisés dans la fabrication de boucles d’oreille, de colliers et de broches. Les habitants font aussi des tableaux avec ces éléments, créant ainsi un nouveau dérivé de cet ancien produit qui peut être utilisé pour la décoration intérieure, indique Mme Peng. La popularité montante du pankou ces dernières années est inséparable du port croissant du hanfu, le vêtement traditionnel chinois. Hang Bin, un responsable municipal, fait savoir que depuis la première semaine culturelle hanfu lancée en 2013 à Xitang par le parolier taïwanais Vincent Fang, la manifestation annuelle, qui se tient en octobre, attire plus d’un million de visiteurs.

Pendant le festival, les gens portant des vêtements traditionnels chinois sont admis gratuitement dans la ville et peuvent participer à des activités telles que les reproductions de cérémonies traditionnelles, les défilés de chalands fleuris et les jeux d’interprétation de rôles basés sur un texte. La semaine culturelle attire aussi des adeptes étrangers. Des passionnés venus de plus de 20 pays et régions, notamment de la République de Corée, de Malaisie et d’Afrique du Sud, participent aux activités culturelles hanfu. Aujourd’hui, à Xitang, il existe plus de 100 boutiques offrant aux touristes des modèles de coupe hanfu et de maquillage personnalisé.