Ils vivent en harmonie avec le désert des Cinq Merveilles
Par ZHANG WEI

Le lac Su Min Jaran dans le désert de Badain Jaran. ZHANG WEI / CHINA DAILY
Les gardiens de troupeaux se réjouissent de l’inscription du site sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO – une aubaine pour la préservation de la nature et le tourisme.
On associe habituellement les déserts à une chaleur torride, à de la sécheresse et à des conditions inhospitalières. Cependant, le désert de Badain Jaran sur le plateau d’Alashan, dans la région autonome de Mongolie intérieure, est une contrée sauvage parsemée de lacs d’une couleur saphir étincelante et de gigantesques dunes de sable ; le lien qui unit ce site à ceux qui y vivent est incassable. Situé sur l’aride étendue du plateau d’Alashan dans le nord-ouest de la Chine, c’est un site du Patrimoine mondial dont le dynamique écosystème défie les préconceptions en matière de déserts. Il s’agit du deuxième plus grand désert mouvant de Chine, renommé pour ses hautes dunes distinctives, un sable qui semble chanter, des grappes de lacs, des sources d’eau claire et des temples anciens, collectivement appelés les Cinq Merveilles. Outre ces attraits, le désert recèle d’autres charmes spectaculaires, notamment le lac de Daghtu, une pièce d’eau qui doit son inhabituelle couleur rose à des sels minéraux. Les animaux, en particulier les chameaux, prospèrent dans ce sanctuaire improbable et vivent en harmonie avec leur encadrement humain.
Alatenggerile, un gardien de troupeau chevronné, originaire du village de Babain Jaran dans la ville de Yabulai, incarne le lien entre le désert et ses habitants. « Quasiment chaque zone lacustre dans le désert accueille des gardiens de troupeaux comme nous, qui gagnons notre vie en élevant des chameaux et des moutons. En prenant de l’âge, je suis de plus en plus convaincu que je vis dans le meilleur endroit qui soit ». Le 26 juillet dernier, au bout de sept années d’effort, le Désert de Badain Jaran – Tours de sable et lacs a fini par être admis sur la Liste de l’UNESCO lors de la 46ème session du Comité du patrimoine mondial qui s’est tenue à New Delhi, en Inde. Le désert compte de nombreuses mégadunes, notamment le pic de Bilutu, dont l’altitude de plus de 1 611 mètres et la hauteur relative de plus de 500 mètres en font le plus haut du monde dans son genre, selon le quotidien People’s Daily.

Un gardien de troupeaux guidant sa caravane de chameaux dans le désert. WANG ZHENG / FOR CHINA DAILY
Les mégadunes sont à l’origine des sables chantants du désert, effet produit par la résonance mystérieuse du sable sec déplacé par le souffle du vent. La zone de Baoritaolegai, aux pics abrupts et aux dunes de sable de diverses hauteurs à l’orée du désert, est surnommée le Royaume des sables chantants en raison de ses résonnances spectaculaires. Le rapport recense 144 lacs clairs comme de l’eau de roche nichés entre les dunes. Il relève aussi une végétation luxuriante ainsi qu’une faune et une flore variées qui créent des paysages désertiques exceptionnels. Les sources naturelles du désert sont renommées pour leur pureté. La plus connue provient du lac Yinderitu, qui alimente 108 sources. Parmi les temples du désert, l’édifice bouddhiste de Badain Jaran, construit en 1755, est un monument souvent nommé la Cité interdite du désert. L’inscription sur la liste de l’UNESCO prépare le terrain pour la poursuite de l’examen de la formation des mégadunes et la préservation des lacs interdunaires. Les intérêts et les besoins de la population locale ont été pleinement pris en compte pendant la procédure liée à la candidature auprès de l’UNESCO. Le mode de vie authentique des gardiens de troupeaux est perçu comme une composante indispensable de l’écosystème interconnecté du désert, car les gens du coin participent activement aux travaux de préservation de leur environnement. « Pendant la procédure de candidature à l’inscription au Patrimoine mondial, chaque village a organisé des réunions avec les gardiens de troupeaux, où nos avis ont été écoutés et nos préoccupations prises en compte. Quand nous avons reçu l’assurance que nous pouvions continuer de vivre ici et de développer une activité touristique, nous étions soulagés et heureux », affirme M. Alatenggerile.
« La candidature constitue un pas en avant, une étape positive. L’afflux de touristes crée des débouchés économiques. Dès lors que la candidature a abouti, on peut s’attendre à un flux régulier de visiteurs qui va propulser Badain Jaran vers un meilleur avenir ». De longue date, les habitants de la bannière droite d’Alxa dépendent de l’élevage nomade et font vivre une culture à part dans le désert. Quasiment chaque lac niché dans le désert de Badain Jaran sert de foyer aux gardiens de troupeaux qui s’occupent des chameaux et des moutons, provoquant un tableau pittoresque avec le désert en toile de fond. Au cours des dernières années, l’amélioration des transports a favorisé la venue en plus grand nombre de touristes cherchant à explorer le désert, ce qui a incité certains gardiens de troupeaux à se lancer dans le secteur touristique.

Abreuvage de chameaux dans un lac du désert en juillet. BEI HE / XINHUA
Depuis 2005, 13 foyers ont proposé des séjours chez l’habitant, indique M. Alatenggerile. « Une plus grande accessibilité liée à l’amélioration des transports permet aux véhicules de parvenir plus facilement jusqu’à nous et rendent le voyage plus simple ». Quand la saison touristique bat son plein, M. Alatenggerile travaille comme guide, ce qui augmente son revenu annuel d’une somme allant jusqu’à 60 000 yuan (7 840 euros).
« Cet été, le nombre de touristes a bondi et surpassé celui des deux dernières années ». Au fil des ans, la Chine a mis en œuvre le Programme des forêts-refuges des Trois régions du nord destiné à lutter contre la désertification. Occupant une position cruciale dans la région, la bannière droite d’Alxa participe fortement aux efforts visant à empêcher la fusion des déserts de Badain Jaran et de Tengger. « Au cœur de l’action pour contrôler le sable et prévenir la désertification dans le désert de Badain Jaran, tout repose sur l’arrêt de l’expansion de la zone désertique, afin de sauvegarder les habitats humains et d’honorer le désert en tant que composante vitale de l’écosystème naturel de la Terre », déclare Dong Zhibao, vice-président de l’université normale du Shaanxi à Xi’an.
Et de conclure : « En préservant l’état d’origine du désert, nous sommes en mesure de promouvoir une coexistence harmonieuse entre l’humanité et la nature ».