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Les zones rurales prennent goût à la réussite commerciale

Par LI LEI, YANG JUN et LI YINGQING

Le village Miao de Xijiang Qianhu, dans la province du Guizhou

Le village Miao de Xijiang Qianhu, dans la province du Guizhou, est une destination prisée des visiteurs. PROVIDED TO CHINA DAILY

Des projets de revitalisation font revivre la campagne tout en préservant les traditions.

Niché dans le relief accidenté de la province du Guizhou, le village Miao de Xijiang Qianhu, une destination très prisée des visiteurs, se fait un nom dans le monde concurrentiel de l’industrie touristique rurale. Li Tianyi est né il y a 48 ans et a grandi dans la commune de Xijiang ; aujourd’hui sociologue enseignant à l’université Guizhou Minzu de Guiyang, la capitale provinciale, il a été le témoin direct de la transformation de son village depuis le début des années 1980. Il y a une quarantaine d’années, ce village ethnique habité par les communautés Miao et Dong était aux prises avec une pauvreté intraitable. Aujourd’hui, il se classe parmi les tout premiers sites touristiques attirant les citadins en quête d’un répit loin du tohu-bohu des villes et d’une occasion de poster des photos de leur visite sur les réseaux sociaux.

Les habitants du village de Xijiang assistant à un festival de danse

Les habitants du village de Xijiang assistant à un festival de danse, en novembre dernier. HUANG XIAOHAI / FOR CHINA DAILY

En 1982, alors que la Chine ouvrait progressivement son économie et faisait de la croissance une priorité, le village Miao de Xijiang Qianhu, qui veut dire en gros « le village aux mille foyers », a été déclaré site touristique par l’administration provinciale en raison de ses vues à couper le souffle. Vu depuis les hauteurs quil’entourent, le village abrite un océan de maisons de bambou au milieu d’ondoyantes rizières en terrasses et de bassins à poissons. À la tombée de la nuit, la lumière feutrée et jaune de dizaines de milliers d’ampoules dans les maisons des habitants transforment le hameau d’un ancien temps en une sorte de royaume féérique.

Les visiteurs se plongent dans la culture locale en prenant part aux festivités qui voient les villageois défiler dans les rues en costumes traditionnels et abattre des cochons au bord du chemin.

« Les champs en terrasses, les festivals, les chants et les danses folkloriques sont tous ancrés dans la tradition de la culture du riz propre à la population Miao », explique M. Li. « Ce qui pour le village est au cœur de son développement, c’est sa culture ». Le tourisme et la culture traditionnelle, fait-il remarquer, vont main dans la main. « Le tourisme donne à la culture traditionnelle une seconde vie dans nos temps modernes et lui permet de voyager plus loin ». L’une des principales attractions du village s’inspire de la tradition Miao des lanmenjiu, ou des séances de boisson de vin de riz, organisées pour distraire les invités à un mariage. M. Li a proposé que la tradition soit adaptée à l’accueil des visiteurs de Xijiang. Selon la tradition, c’est seulement quand les arrivants ont bu 12 tasses de vin de riz, chaque tasse représentant un vœu émis par les villageois pour les visiteurs, par exemple celui pour une femme de devenir plus belle, que l’entrée dans le village est accordée. « Le tourisme doit s’appuyer sur la culture locale et les ressources particulières d’une région », selon M. Li.

Le village de Hebian.

Le village de Hebian est situé en bordure d’une forêt subtropicale dans la province du Yunnan. PROVIDED TO CHINA DAILY

Li Xiaoyun, un spécialiste du développement rural à l’université agronomique de Chine à Pékin, estime que si tous les villages étaient identiques, la campagne perdrait son charme nostalgique auprès du public. Par ailleurs, les agriculteurs ne seraient pas en mesure d’exploiter la valeur économique de la culture chinoise dans les différentes régions. « De plus en plus de localités mettent plus intensément l’accent sur la protection et la transmission des caractéristiques culturelles régionales tout en se revitalisant elles-mêmes », indique-t-il. En 2014, accompagné d’une équipe de chercheurs, il s’est rendu de Pékin à Hebian, qui veut dire village au bord de la rivière, dans la province du Yunnan. Cette pittoresque communauté ethnique Yao est située sur le périmètre d’une forêt subtropicale. L’implication de l’équipe dans le village s’est étendue sur plusieurs années. Dès 2017, l’équipe avait contribué à transformer Hebian en une station touristique avec tous les atouts afférents : hôtels en bambou, liaison internet 4G et boîtes de nuit. « En utilisant le fonds de lutte contre la pauvreté, le village a été reconstruit selon son style architectural d’origine, et les modes de vie traditionnels de la population locale ont été préservés », commente Li Xiaoyun.

Les villages ont aussi besoin d’entreprises pour fournir des emplois. Et le développement intégré de l’agriculture, de l’artisanat et du secteur tertiaire représenté par le tourisme est la voie suprême vers la revitalisation, analyse-t-il. Li Xiaoyun ne croit pas qu’une source de revenus unique suffise. C’est pourquoi il a lancé un centre de commerce électronique à Hebian pour faciliter la vente des produits de ferme locaux, notamment les œufs bio et les pomelos. Pour lui, « le tourisme n’est pas la seule solution pour les villages ruraux ».

Article réalisé avec la collaboration de Tang Ying.