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L’art de relier les fils culturels

Par YANG FEIYUE

Yuan Changjun, un artiste spécialisé dans les incrustations en filigrane, à la semaine internationale du patrimoine culturel immatériel de Pékin en octobre dernier. YANG FEIYUE / CHINA DAILY

Yuan Changjun, un artiste spécialisé dans les incrustations en filigrane, à la semaine internationale du patrimoine culturel immatériel de Pékin en octobre dernier. YANG FEIYUE / CHINA DAILY

Une exposition présentant des trésors d’artisanat ancien a attiré les foules à Pékin.

Des centaines de petites perles blanches et coralliennes transformées en fleurs de thé sur un costume style dynastie Qing (1644-1911) par la touche magique de Bi Hong. « Elles faisaient entre 1,1 et 1,2 millimètres de diamètre et au centre de chacune, un trou a été percé pour qu’elles soient cousues ensemble », dit Mme Bi en présentant ses travaux à une foule autour de son stand lors de la semaine internationale du patrimoine culturel immatériel de Pékin, fin octobre. « C’est une innovation par rapport à la culture traditionnelle », déclare l’héritière de la technique de la broderie de Pékin, qui est une forme de patrimoine culturel immatériel.

Des boîtes à bijoux et à bibelots décorées de motifs de paysages, d’oiseaux et de papillons donnaient de l’éclat à un stand présentant de la laque dorée. YANG FEIYUE / CHINA DAILY

Des boîtes à bijoux et à bibelots décorées de motifs de paysages, d’oiseaux et de papillons donnaient de l’éclat à un stand présentant de la laque dorée. YANG FEIYUE / CHINA DAILY

La broderie de Pékin, également connue sous le nom de broderie de palais, était principalement utilisée pour les habits impériaux. Tant sa technique que sa réalisation artisanale mettent l’accent sur l’harmonie, la douceur, la délicatesse et la subtilité. « Elle attache aussi une grande importance à la noblesse du style comme en témoignent la variété des motifs et la magnificence des détails », ajoute-t-elle. Yuan Changjun avait le regard fixé sur un fil d’argent, qu’il tordait pour en faire un triangle, à l’aide d’une petite pince à épiler ; à côté de lui, un tas d’autres triangles semblait en contenir des centaines. « Ça, c’est l’unité de base où l’on réalise les motifs sur des articles en filigrane de bonne taille, tels que les orchidées », commente M. Yuan, un artiste maître dans le domaine des inscrustations en filigrane. Les rabats de sacs à main argentés, les vases et les animaux mythiques présentés sur son stand se remarquaient par leurs motifs chargés et magnifiques. Tout était fait main, notamment le tirage du fil d’argent, qui peut avoir la minceur d’un cheveu.

Bi Hong créant une pièce de broderie sous l’œil de visiteurs. PROVIDED TO CHINA DAILY

Bi Hong créant une pièce de broderie sous l’œil de visiteurs. PROVIDED TO CHINA DAILY

C’est un art qui est resté longtemps mal connu parce qu’il était jadis réservé aux familles royales et symbolisait la richesse, explique M. Yuan, qui voit dans l’artisanat d’art la sagesse de l’ouvrier ainsi qu’une méthode. De semblables présentations publiques aident les gens à apprécier l’esprit de la culture et de l’artisanat, tout en augmentant l’assurance culturelle en général, selon lui. Une douzaine de mètres plus loin, des boîtes à bijoux et à tartines décorées de motifs de paysages, d’oiseaux et de papillons luisaient sur le stand aux incrustations de laque dorée. « Si vous regardez d’assez près, vous pouvez voir que la montagne est en réalité faite de feuille d’or », indique Shi Yanling, une héritière de la technique des incrustations à la laque dorée. La laque naturelle noire est ensuite appliquée pour reproduire les veines des montagnes, précise-t-elle. S’agissant de la boîte à tartines, les motifs de papillons et de plumes d’oiseaux sont sculptés puis peints, avant que la poudre d’or soit minutieusement saupoudrée pour combler les espaces. « Les boîtes brillent à la lumière du soleil », dit Mme Shi.

Un artiste démontrant la fabrication d’un objet en cloisonné. PROVIDED TO CHINA DAILY

Un artiste démontrant la fabrication d’un objet en cloisonné. PROVIDED TO CHINA DAILY

À une vingtaine de mètres de son stand, des cris se faisaient entendre périodiquement en provenance de la section des tapis impériaux, où Guo Lanhong démontrait la valeur d’un grand tapis impérial suspendu en l’air. « Le fils élastique est fait de coton au milieu et recouvert de feuille d’or », fait-elle savoir. Chaque pouce du tapis est constitué de plus de 100 lignes, dont le tissage de chacune demande environ une heure et demie à un artiste compétent. « La réalisation d’un tapis de grande taille prend plus d’une année à un maître », ajoute Mme Guo en soulignant que la qualité de l’artisanat et le labeur garantissent la valeur du tapis d’un point de vue artistique et financier. « Selon des anecdotes historiques, les anciens empereurs n’utilisaient un tel tapis que pour la visite d’éminents invités et ils le rangeaient une fois la réception terminée ». Dans le cadre de la manifestation internationale, deux forums ont été organisés, au cours desquels des fonctionnaires gouvernementaux et des spécialistes ont évoqué les réussites en matière de préservation et de transmission du patrimoine culturel immatériel, ainsi que de son pouvoir innovant. Rao Quan, vice-ministre de la culture et du tourisme, a déclaré que la semaine du patrimoine offrait une mesure concrète de la transformation de Pékin en centre culturel national de la Chine.

Au cours des dernières années, le patrimoine culturel immatériel a connu un robuste développement, exposant au monde entier l’approche chinoise en la matière, a-t-il estimé en disant son espoir que la manifestation deviendra une plateforme destinée à promouvoir les échanges culturels et la collaboration entre la Chine et les autres pays.