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Des maisons vertes face au changement climatique

Par XIN WEN

L’extérieur de la maison à haut rendement énergétique dans le district de Daxing

L’extérieur de la maison à haut rendement énergétique dans le district de Daxing, à Pékin. HE ZHIHAN / FOR CHINA DAILY

Les habitations à faible consommation d’énergie montrent le chemin vers des styles de vie sains et à faible émission de carbone.

Les architectes passent des mois, voire des années, à concevoir un projet exprimant leurs idées de façon plus nette, à communiquer des informations complémentaires ou à définir les bonnes proportions d’un bâtiment. Cependant, la question urgente du changement climatique place leur travail face à de nouvelles exigences. Selon un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement rendu public en septembre, le secteur du bâtiment est de loin le plus gros émetteur de gaz à effet de serre, représentant au moins 37% de ces émissions au niveau mondial.

En Chine, le bâtiment représente près de 51% des émissions de carbone à l’échelle nationale, indiquait en 2021 un rapport de l’association chinoise du rendement énergétique des constructions. Ren Jun, un professeur de l’école d’architecture de l’université de Tianjin, évalue les émissions de carbone du secteur à quelque 50% des 10 milliards de tonnes métrique de ces émissions dans le pays chaque année. M. Ren a conçu la première maison chinoise à consommation énergétique proche de zéro en décembre 2019. Située dans le village de Banbidian, au sein du district de Daxing dans l’agglomération sud de Pékin, cette maison a remporté le Prix international du design aux États-Unis en janvier de l’an dernier. Elle est louée à des habitants du village. D’une surface de 400 mètres carrés, le bien est alimenté à l’énergie solaire fournie par des panneaux photovoltaïques sur le toit, complétée par un modeste volume provenant du réseau électrique. M. Ren concède que la rétention de chaleur constitue le premier obstacle à la conservation énergétique dans l’habitation. Il a tenté d’y remédier en maintenant la température intérieure à un certain niveau.

Le salon dans la maison

Le salon dans la maison. SONG CHUNYAN / FOR CHINA DAILY

Le bien est divisé en cinq zones : un « jardin solaire » dans la cour devant la maison, un salon central, une cour-réserve d’eau, une zone éponge et une pièce à l’arrière. Pour les murs extérieurs, M. Ren a utilisé trois types d’isolation, notamment de la mousse plastique, d’une épaisseur de 25 centimètres dans chaque cas. Même le sol a été creusé et comblé de matériaux d’isolation, précise l’architecte. M. Ren s’est tourné vers des fenêtres du type de celles de maisons passives, qui retiennent mieux la chaleur. Les maisons passives sont des constructions à haut rendement énergétique répondant aux exigences de l’institut afférent « Passive House Institute ». Lancé en Allemagne dans les années 1990, le mouvement de la maison passive est devenu une référence en matière d’économie d’énergie et de réduction de l’empreinte carbone. Dans certains pays européens, surtout dans les pays nordiques, les constructions à consommation énergétique proche de zéro sont fortement encouragées. Dans la ville allemande de Fribourg, une collectivité émettant peu de carbone, produit même suffisamment d’énergie pour alimenter le quartier voisin.

En Chine, le Conseil des affaires de l’État a publié en octobre 2021 un plan d’action axé sur le plafonnement des émissions de carbone d’ici à 2030, accompagné de l’obligation pour tous les bâtiments urbains nouvellement construits de se conformer avant 2025 aux normes de construction écologiques mises à jour. Le plan vise aussi à accroître la sensibilisation du public à la protection environnementale, préconisant par ailleurs des modes de vie écologiques, sains et à faible émission de carbone. La conception d’un bâtiment consommant peu d’énergie n’est pas chose facile. Elle requiert une technologie avancée et une construction soignée, mais les coûts des matériaux et de l’entretien sont élevés. La maison à consommation d’énergie proche de zéro conçue par M. Ren comporte des murs extérieurs en briques rouges et sur le côté, une pièce séparée en bois. La température dans cette pièce est maintenue toute l’année à 20°C, même pendant les arides hivers du nord de la Chine, cela grâce à la structure de l’ensemble, forte de trois couches épaisses d’isolation, d’un toit coupe-vent et de l’isolation de ses fondations. Un jardin à zéro émission carbone dans la cour arrière est utilisé pour le recyclage et les fenêtres en bois démontées servent de décorations. Les bris de briques d’argile et de tuiles cassées sont placés dans des cages métalliques pour former des cloisons et les châssis de vieux ordinateurs ont été transformés en caisses de rangement du matériel de maison.

La cour aquatique forme un réservoir recueillant l’eau de pluie

La cour aquatique forme un réservoir recueillant l’eau de pluie. PROVIDED TO CHINA DAILY

« Je suis convaincu que si nous pouvons construire des maisons à faible consommation énergétique à la campagne, ce type de construction peut être promu à l’échelle du pays », dit M. Ren. Toutefois, les experts du secteur ne sont pas totalement optimistes quant aux perspectives d’une campagne à grande échelle en faveur de bâtiments consommant peu d’énergie.

Pour Jiang Yi, un universitaire de l’académie chinoise d’ingénierie et le directeur du centre de recherche sur la consommation énergétique des bâtiments à l’université Tsinghua, « la reconstruction de bâtiments existants en vue d’économies d’énergie a un gros potentiel, mais il n’est sans doute pas réaliste de transformer de tels bâtiments avec pour objectif une consommation énergétique proche de zéro ». Il est plus important d’améliorer l’efficacité énergétique, dit-il en ajoutant : « par exemple, si les habitants ferment la lumière et les climatiseurs avant de quitter leur logement, on pourra économiser un gros volume d’électricité ».