Campagne gagnante pour la protection du fleuve Jaune

Par SUN SHANGWU, LI JING et ZHAO RUIXUE

La réserve naturelle nationale du delta du fleuve Jaune à Dongying, dans la province du Shandong. ZHANG XIAOLONG / FOR CHINA DAILY

La reconstitution des ressources hydriques et les efforts déployés en matière de conservation commencent à payer.

Son visage basané fouetté par une fraîche brise de printemps, Wang Lidong fait sa tournée dans la réserve naturelle nationale du delta du fleuve Jaune à Dongying, dans la province du Shandong. Il vérifie l’état des projets de conservation de l’eau ainsi que le niveau hydrique des zones humides – comme le prévoit la journée de travail de M. Wang, impliqué dans la protection de la réserve depuis trois décennies. « Le milieu naturel de la réserve s’est singulièrement amélioré ces dernières années. Il accueille désormais de nombreux oiseaux, signe que le dur travail qui y a été mené en valait la peine », assure l’ingénieur, qui œuvre au projet de restauration de la zone humide dans la réserve située sur une grande étendue des zones humides dans le delta du fleuve Jaune.

La réserve naturelle nationale du delta du fleuve Jaune revendique de riches systèmes de zones humides et fournit de bonnes conditions de vie à la faune aviaire. GUO XULEI / XINHUA

Le fleuve, le deuxième le plus long de Chine, traverse en zigzag un plateau recouvert d’un sol riche. Chaque année, il charrie des millions de tonnes métriques de terre dont une partie gagne l’estuaire, où son cours se jette dans la mer de Bohai à Dongying pour former les zones humides. Les zones humides de l’estuaire, à l’image de celles rencontrées ailleurs dans le monde, comprennent des lacs, des marais et des vasières. M. Wang souligne que les travaux menés à Dongying sont principalement axés sur la protection et la restauration des zones humides, servant de modèle pour la coexistence harmonieuse des humains et de la nature. Au cours des dernières années, la ville a consacré 1,36 milliards de yuan (179 millions d’euros) aux projets de protection et de restauration dans le delta, portant notamment sur des apports d’eau, le traitement des spartines et la conservation de la biodiversité au large, ce qui a contribué au renforcement de l’écosystème des zones humides de la ville.

Dans la réserve, une vaste étendue d’eau se prolonge jusqu’à perte de vue. Les roseaux se balancent au vent de chaque côté d’une passerelle en bois. Vus du ciel, une série de canaux reliés les uns aux autres ressemblent à de minces veines. Dans les années 1980 et 90, les zones humides ont diminué sous l’effet de l’érosion côtière, de l’empiètement de l’eau de mer et de la sécheresse. M. Wang précise que les riches écosystèmes des zones humides du delta ont également été sérieusement menacés par l’exploitation pétrolière, la pollution causée par les déchets industriels et le remblayage des terres. D’une superficie d’environ 1 530 kilomètres carrés, la réserve a été créée en octobre 1992 pour protéger les zones humides, celles-ci occupant la plupart de la surface.

Le nombre d’espèces aviaires dans le delta du fleuve Jaune s’élève à 373. LIU YUELIANG / FOR CHINA DAILY

« L’eau étant cruciale pour le maintien d’un système écologique sain dans les zones humides, nous procédons à des apports hydrauliques sur le site », explique M. Wang, en ajoutant que l’abondance de l’eau apportée dans les zones humides va considérablement prévenir la destruction de l’écosystème provoquée par la montée de l’eau de la mer. Au cours des trois dernières années, plus de 480 millions de mètres cubes d’eau provenant du fleuve Jaune ont renfloué la réserve. Les données fournies par le comité de gestion de la réserve indiquent que ces travaux ont efficacement ralenti la salinisation du sol dans les zones humides. Le comité de gestion a divisé ces zones en 49 sections en fonction des conditions de croissance offertes aux animaux et aux plantes, en s’assurant que chaque section reçoit la bonne quantité d’eau fournie par le fleuve Jaune. Profitant du canal, les animaux et les plantes prospèrent, affirme M. Wang. Entrée en vigueur le 1^er avril, la loi sur la protection du fleuve Jaune permet de réguler l’usage de l’eau le long du fleuve, d’autres ressources hydrauliques assurant le complément pour les zones humides, ajoute-t-il. Des travaux sont effectués à Dongying pour réhabiliter les herbiers marins et les plantes indigènes qui poussent le long des canaux dans les zones humides, telles que la suaeda salsa, un type d’herbe.

Faisant équipe avec l’institut de recherche des zones côtières de Yantai au sein de l’académie des sciences de Chine, la municipalité a mis en place un procédé efficace pour éradiquer la spartine alterniflore, un type de spartine des marais qui pousse sur le littoral de l’estuaire et qui menace dangereusement les habitats de nombreuses espèces. La spartine alterniflore, que l’on trouve sur plus de 8 730 hectares de terre, a été éliminée au cours des dernières années, permettant de dégager 76 kilomètres de chenaux de marée qui étaient bloqués, comme l’indiquent les données du comité de gestion. Fin avril, des groupes d’oiseaux ont été vus à l’arrêt sur des étangs de chaque côté de la route menant à la réserve. Certains oiseaux survolaient la surface à fleur d’eau d’un bord à l’autre. Shan Kai, un ingénieur en chef de la réserve, estime que « le milieu naturel du delta fournit aux oiseaux de bonnes conditions de vie ». Les statistiques révèlent que le nombre d’espèces aviaires dans le delta a nettement progressé au cours des années qui ont suivi la création de la réserve, passant de 187 à 373. L’an dernier, les cigognes orientales y ont donné naissance à 470 oisillons. Par ailleurs, 315 grues à couronne rouge ont été observées en hivernage dans les zones humides.