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Un art martial promu de haute lutte

Par YANG FEIYUE

Un art martial promu de haute lutte

Des habitants de Shanghai pratiquant le taijiquan tôt le matin. PROVIDED TO CHINA DAILY

La reconnaissance accordée par l’UNESCO récompense les efforts déployés pour valoriser le taijiquan alors que les bienfaits de cette discipline sont appréciés à l’échelle mondiale.

Chen Bing est encore capable de s’enthousiasmer quand il parle du moment où le taijiquan a été inscrit sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, le 17 décembre 2020. L’homme alors âgé de 49 ans avait été le premier à apparaître, dans le film de présentation soumis à l’UNESCO, pour démontrer les mouvements typiques de cet art martial traditionnel, également connu sous le nom de tai chi. « C’est pour moi la preuve que la cause pour laquelle je me suis engagé a une dimension mondiale et concerne toute l’humanité », déclare-t-il. Sur son site Web, l’UNESCO décrit le taijiquan comme « une pratique physique traditionnelle caractérisée par des mouvements détendus et circulaires associés à un contrôle de la respiration et à l’entretien d’un esprit neutre et droit ».

Influencée par les pensées taoïste et confucéenne, ainsi que les théories de la médecine traditionnelle chinoise, sa pratique a donné lieu à plusieurs écoles ou plusieurs styles, portant généralement le nom d’un clan ou d’un maître, tel que le style Chen ou le style Yang. Les différents styles sont transmis de génération en génération au sein du clan, ou selon le modèle de maître à élève, la transmission s’appuyant sur les cycles du yin et du yang et sur la compréhension culturelle de l’unité du ciel et de l’humanité, selon la description qu’en donne l’UNESCO. Chen, l’un des maîtres du taijiquan de style Chen, pratique cet art martial depuis l’âge de 6 ans, initialement sous la tutelle de ses oncles, Chen Xiaowang et Chen Xiaoxing, deux personnages emblématiques du taijiquan de style Chen, à Chenjiagou, dans le comté de Wenxian de la province du Henan. « Le taijiquan de style Chen se targue d’être le plus ancien et les autres styles s’en sont détachés, directement ou indirectement », indique Chen Bing.

Deux pratiquants de taijiquan

Deux pratiquants de taijiquan s’entraînant sur une surface représentant le motif du yin yang à Chenjiagou, dans la province du Henan. LIU XIAOKUN / FOR CHINA DAILY

En Chine, sept éléments du patrimoine culturel immatériel de niveau national sont liés à différents styles de taijiquan, selon le ministère de la culture et du tourisme. L’oncle septuagénaire de Chen Bing, Chen Xiaowang, court le monde pour enseigner et promouvoir le taijiquan depuis les années 1990, période où il est devenu l’un des plus grands spécialistes du pays. Au fil des ans, il a formé plus de 300 000 disciples dans 80 pays et régions. Chen Xiaowang résume ainsi sa conception de son travail : « Apporter un éclairage sur les mystères du taijiquan et les rendre compréhensibles d’une manière scientifique » par la pratique et l’étude. Il propose d’appliquer la pensée philosophique du yin et du yang de façon mentalement équilibrée et insiste sur le fait que, pour tout un chacun, le but de pratiquer le taijiquan correctement est de cultiver son caractère moral.

Depuis les trois dernières années, qu’il pleuve ou qu’il vente, Ren Guangyi, l’un des disciples de Chen Xiaowang, n’a jamais manqué d’encadrer une douzaine d’étudiants dans la pratique du taijiquan chaque dimanche dans Central Park, à New York. Tout en dessinant avec élégance les mouvements élégants de ses bras et de ses jambes, le quinquagénaire prononce ses instructions à ses adeptes qui l’imitent de manière synchronisée. « Le taijiquan est devenu de plus en plus en vogue au cours des trois dernières décennies aux États-Unis et dans le reste du monde », selon M. Ren, qui a étudié le taijiquan de style Chen avec Chen Xiaowang pendant huit ans dans la province du Henan avant de déménager à New York en 1991. Nombre de ses étudiants se sont initialement lancés dans la pratique du taijiquan pour des raisons de santé.

Le taijiquan attire un nombre croissant de pratiquants en Chine et à l’étranger

Le taijiquan attire un nombre croissant de pratiquants en Chine et à l’étranger, en raison de la sagesse ancestrale et des divers bienfaits sanitaires qu’il communique. PROVIDED TO CHINA DAILY

Daniel Richman, une spécialiste du traitement de la douleur, a souvent recommandé à ses patients d’essayer l’art martial, qui l’a considérablement aidé à gérer sa propre douleur au niveau du cou. Au fil des ans, M. Ren a pu contribuer à monter des représentations publiques de taijiquan en plein air à New York : à Times Square, sur le pont de Brooklyn et au Lincoln Center. Il est pleinement conscient de la popularité grandissante du taijiquan à l’étranger, surtout par rapport à la situation qu’il avait trouvée à son arrivée. « Les gens ne sont pas étrangers au taijiquan, et démontrent qu’ils en ont même une compréhension aiguë quand ils m’abordent », affirme M. Ren. Et d’ajouter : « En réalité, certains d’entre eux ont déjà acquis une bonne pratique et veulent juste parfaire leurs aptitudes par amour pour l’art martial chinois ».