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L’art à la campagne : un tableau vivant

Par YANG FEIYUE

Des forêts verdoyantes embrassent le village de Zijing, dans le district de Yuhang de Hangzhou dans la province du Zhejiang. CHEN YUPENG / FOR CHINA DAILY

Des forêts verdoyantes embrassent le village de Zijing, dans le district de Yuhang de Hangzhou dans la province du Zhejiang. CHEN YUPENG / FOR CHINA DAILY

Les villages du Zhejiang et d’ailleurs se tournent vers la culture artistique pour relancer et embellir la vie rurale.

Il suffit de mettre le pied à Qingshan, un village niché dans de luxuriantes montagnes vertes, pour ressentir son dynamisme artistique en guise de bienvenue. À une quarantaine de kilomètres au nord-ouest du centre de Hangzhou, dans le district de Yuhang, province du Zhejiang, les bords des routes et les champs de Qingshan sont parsemés d’installations artistiques caractéristiques. Une chaussée voisine offre une vue plongeante sur les œuvres, qui vont de tableaux vivants à des ballons de baudruche en forme d’œufs et à des rubans de Mobius en bambou tissé. « Chaque œuvre a un thème », dit Lin Hong, un haut responsable du village. Ainsi, la pièce en forme d’œuf cherche à sensibiliser le public sur la protection de la biodiversité, tandis que le ruban de Mobius incarne la symbiose sans fin de la culture du bambou et des techniques de son tissage.

Un signal artistique du village de Qingshan dans la ville de Hangzhou. PROVIDED TO CHINA DAILY

Un signal artistique du village de Qingshan dans la ville de Hangzhou. PROVIDED TO CHINA DAILY

Les œuvres relevant d’un art public sont disséminées dans tous les coins du village sur des sites minutieusement choisis en fonction du milieu environnant, dans l’attente de visiteurs venus à pied les contempler. Les bâtiments du village ajoutent une touche d’artisanat traditionnel à l’atmosphère artistique. « L’extérieur de l’office du tourisme est recouvert de bambou et conjugue l’artisanat traditionnel à une stylique moderne », dit M. Lin. « C’est à la fois plaisant d’un point de vue esthétique et respectueux de l’environnement ». À quelques pas de là, une bibliothèque de style thématique créée à l’intérieur d’un auditorium désaffecté permet aux visiteurs de découvrir le procédé de la broderie, l’art de la laque, la sculpture sur bois et la teinture naturelle, ainsi que de se faire une meilleure idée de la beauté des objets d’art traditionnels. Parmi les nombreuses vieilles constructions du village, deux ont été transformées en espaces artistiques grâce à un groupe d’artisans, d’artistes et de commissaires d’exposition, qui se sont installés à Qingshan au fil des ans. Un groupe d’artisans issu de l’atelier Rongsheji se consacre à l’incorporation de matériaux et de techniques de construction traditionnels dans les bâtiments du village. « Nous avons trouvé une grand nombre de sources d’inspiration créatives dans le village », dit Zhang Lei, qui est chargé de l’exploitation de l’atelier et qui vit à Qingshan depuis cinq ans. « Au fil des ans, les membres de l’équipe sont venus et sont partis, mais au bout du compte, ceux qui sont restés sont ceux qui apprécient vraiment la vie à la campagne ».

Les efforts déployés par les autorités locales pour améliorer les infrastructures et l’environnement rural – surtout la qualité de l’eau – depuis 2014, et l’incitation au développement multisectoriel, notamment le tourisme, ont attiré des concepteurs et des artistes de tout le pays. M. Zhang a également aidé une trentaine de villageois à créer des œuvres en bambou tissé pour augmenter leur revenu. Les objets artisanaux que les artistes et les villageois ont produits ensemble sont présentés dans des expositions dans le pays et à l’étranger, notamment à la Milan Design Week et au Design Shanghai. « Ils sont par ailleurs vendus sur le marché où ils font deux fois le profit de produits concurrentiels semblables », commente M. Lin. Le secteur de la conception artistique du village a accéléré l’intégration de la culture et du tourisme, et il attire chaque année environ 30 000 visiteurs. Le revenu annuel qu’il génère collectivement s’élève aujourd’hui à 1,5 million de yuan (194 500 euros). Les initiatives lancées à Qingshan font partie des efforts déployés par le district de Yuhang pour explorer la coexistence entre l’art et la vie rurale en vue d’autonomiser le secteur culturel du village. À environ une heure de route vers le sud, d’énormes forêts de bambou entourent le village de Zijing, où sont produites chaque année environ 3 millions de flûtes.

Des visiteurs discutant de calligraphie dans le village de Nanshan à Hangzhou. PROVIDED TO CHINA DAILY

Des visiteurs discutant de calligraphie dans le village de Nanshan à Hangzhou. PROVIDED TO CHINA DAILY

Plus loin dans le village, un musée en forme de note de musique saute aux yeux. Il a été érigé sur le site d’une ancienne usine de traitement du bambou et offre aujourd’hui une promenade dans l’histoire locale vivante du bambou et de la flûte. À une trentaine de kilomètres au nord-est de Zijing, la culture de la calligraphie prend forme dans le village de Nanshan. En 2015, les autorités locales ont créé une association de calligraphie qui a inspiré de nombreux villageois à se lancer dans cet art. Nanshan a été nommé village de la calligraphie l’an dernier. Ces initiatives artistiques ont dynamisé les ressources locales et contribué à promouvoir le développement intégré de l’agriculture, de la culture et du tourisme puis, en définitive, de l’économie rurale. Au cours du premier semestre de cette année, le résultat opérationnel collectif de l’ensemble des villages du district de Yuhang s’est élevé à 506 millions de yuan, et le revenu disponible par personne a atteint 30,257 yuan, soit une augmentation de 6,5% en année glissante selon le district.