Quand le typhon In-fa a bombardé Shanghai de pluies torrentielles en juillet dernier, Xu Jingxin s’est fait du souci pour le « parc éponge » sur lequel il avait travaillé ces deux dernières années. Situé dans la nouvelle ville de Lingang, le parc doit son nom aux étangs, aux jardins et à la zone humide reliés par des baissières et conçus pour retenir l’eau déversée par les orages, empêchant ainsi les inondations.

M. Xu, un ingénieur employé par l’agence conseil China Construction Technology Consulting et chargé de la réalisation des installations spongieuses, se demandait si ce qu’il avait contribué à élaborer pouvait résister aux précipitations intenses lâchées par le typhon – un test en quelque sorte. « Je me suis rendu sur place après le passage du typhon In-fa et à mon grand soulagement, il y avait très peu de mares sur le sol », dit-il. « Le système avait bien fonctionné ».

Le parc a été construit à l’aide de matériaux perméables pouvant absorber l’eau et la canaliser vers des zones de stockage souterraines. Les inondations sont l’un des problèmes hydriques les plus sérieux dans les villes chinoises en raison d’une forte urbanisation et de la disparition des zones humides. Par leur fréquence, les phénomènes météorologiques extrêmes provoqués par le changement climatique ont aggravé la situation au cours des dernières années.

Pour s’attaquer au problème, le Conseil des affaires de l’État a lancé en 2015 le projet pilote « Sponge City » (ville éponge) avec pour objectif, à l’horizon 2030, le réaménagement de 80% des zones urbaines en les intégrant à des installations spongieuses de nature à absorber et réutiliser au moins 70% des eaux pluviales.


Rui Dongliang, directeur du projet Shanghai Lingang New City Investment and Construction, participe à la réalisation du parc de 54 hectares depuis le début des travaux, en 2019. Lingang a servi de modèle pour le projet de ville éponge à Shanghai et y a joué un rôle important selon lui. Outre la rétention des eaux pluviales, le but est d’assainir l’eau et de la purifier en faisant appel à l’ingénierie écologique.

Le parc éponge a été sectionné et divisé en quatre parties par deux rivières, la partie nord-est constituant une zone humide de 9,6 hectares parsemée de plusieurs étangs et îles flottantes, ce qui offre un espace permettant de démontrer le fonctionnement du système spongieux.

M. Xu explique que l’eau pompée dans le parc à partir de la rivière passe d’abord dans une écumoire pour éliminer les débris flottant à la surface, avant de cheminer jusqu’à un étang pour former des sédiments. L’eau traverse ensuite plusieurs niveaux de bassins de filtration contenant des plantes aquatiques telles que les vallisnéries et les nénuphars.

« Le système peut purifier jusqu’à 15 000 mètres cube par jour, l’eau voyant sa qualité s’améliorer, pour passer du niveau V au niveau III, quand elle regagne la rivière », précise M. Xu en ajoutant que le système est également relié au réseau de drainage pour permettre de traiter les eaux pluviales des zones environnantes. Plusieurs îles flottantes de plantes aquatiques ont été ajoutées pour assainir l’eau de la rivière et offrir un habitat naturel aux oiseaux.

En vue d’allonger la rive de telle sorte que la rivière puisse ralentir son cours et être assainie par les îles flottantes, des courbes ont été ajoutées à ce qui était jadis un cours d’eau en ligne droite. La vase et le limon extraits du lit de la rivière ont ensuite servi à aménager le paysage en créant notamment des monticules sur les berges.

Le parc, qui a été ouvert au public en août, devient un lieu très fréquenté par les habitants des quartiers voisins en raison de son agencement exceptionnel.