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Un fil de l’histoire qui ne se perd pas

Par YANG FEIYUE
Robe qipao présentant des éléments de kesi.
PROVIDED TO CHINA DAILY

Hao Naiqiang vit en ermite au pied d’une montagne dans la campagne entourant le lac Taihu à Suzhou dans la province du Jiangsu (côte Est de la Chine). « C’est loin du tohu-bohu du monde extérieur, bien mieux pour m’aider à concentrer mes esprits et explorer le kesi », dit l’homme âgé de 32 ans. Le kesi est une tapisserie de soie illustrée de motifs graphiques. Le terme, qui désigne de la soie coupée, est dérivé d’une illusion d’optique, celle du coupage des fils, même d’une sorte de mise en relief gravé rendue par des zones de couleur distinctes, sans aucun mélange.


Petite image kesi sur un bureau.
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Les plus anciens produits connus en matière de kesi remontent à la dynastie Tang (618-907), mais la technique s’est d’abord répandue sous la dynastie Song (960-1279) pour connaître un large succès pendant les dynasties Ming (1368-1644) et Qing (1644-1911). C’est l’une des très rares techniques de tissage qui ne peut être mécanisée ; elle a été ajoutée à la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. M. Hao a été attiré par le kesi dans sa deuxième année à l’université de Suzhou (Soochow University) lors de la visite privée d’un atelier organisée par un professeur pour les étudiants de son cours. Il a été fasciné par la façon dont pouvait sortir, d’un métier à tisser de la tapisserie ressemblant à une vulgaire pile de rondins, un produit kesi dans toute sa délicatesse. « C’était magnifique, exactement comme une gravure », commente l’artisan. « Il faut voir le mouvement constant de la trame, horizontal et vertical, puis voir l’ouvrage sortir du métier pour le croire ». Dans la technique du kesi, on utilise de la soie brute pour les fils verticaux et de la soie préparée par évaporation pour les fils horizontaux. Les verticaux sont continus, pas les horizontaux. Les fils, de couleur vive, sont tissés de façon à produire divers motifs. Exposés à la lumière, ces motifs paraissent sculptés ou gravés.


Hao Naiqiang à l’œuvre sur son métier à tisser dans son studio de Suzhou, ville de la province du Jiangsu.
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Hao Naiqiang avait déjà le kesi gravé dans son esprit, quoique de manière vague, quand il s’est instruit sur le sujet en lisant, dans ses premières années de scolarité, A Dream of Red Mansions (Le Rêve dans le pavillon rouge), un roman classique se déroulant sous la dynastie Qing. « Dans le livre, le kesi était décrit comme quelque chose de splendide qui faisait l’objet d’échanges de cadeaux entre les riches, alors je me l’imaginais comme quelque chose d’extraordinaire », se souvient-il. Dans sa troisième année universitaire, en 2012, Naiqiang a sauté sur l’occasion de faire un stage de trois mois dans un atelier de kesi. À raison de quatre à cinq heures d’apprentissage par jour, à la fin du programme, il avait acquis les compétences nécessaires pour réaliser par lui-même de simples et modestes articles kesi.


Une ceinture kesi comportant des éléments de la dynastie Tang (618-907).
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Dans sa façon de voir les choses, cet artisanat d’art a évolué vers une fusion de la peinture, de la calligraphie et du tissage à la main ou de la broderie, autant d’angles sous lesquels Hao Naiqiang va donc explorer aussi le terrain. La technique du kesi était utilisée dans la confection d’habillements, de panneaux de soie et dans l’illustration de couvertures à la peinture sur rouleau ainsi que dans la reproduction exacte de tableaux traditionnels chinois, dans leur intégralité, en tapisseries. Jadis, pendant la dynastie Yuan (1271-1368), des produits kesi sont apparus en Europe où ils ont été incorporés à des vêtements sacerdotaux. Pour Hao Naiqiang, l’obtention de son diplôme a marqué à la fois un nouveau commencement et un nouveau défi. Sa carrière s’est poursuivie dans la recherche d’applications possibles du kesi à divers articles contemporains, notamment la création de sacs, de ceintures et de mobilier.

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