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Serveuse de restaurant, au service de sa mémoire

Par HE QI
Zhu Caiping, âgée de 73 ans, servant des clients au Forget Me Not Café de Shanghai en octobre dernier.
HE QI / CHINA DAILY

Quand Zhu Caiping, âgée de 73 ans, a été diagnostiquée comme souffrant de troubles cognitifs il y a trois ans, elle s’est rendu compte que l’angoisse, la dépression, voire la mésestime de soi étaient devenues des symptômes normaux de sa vie. Ce n’est que l’an dernier, après sa participation à une émission de téléréalité et sa nouvelle activité comme serveuse de restaurant, que son état a commencé à sensiblement s’améliorer.

Le restaurant de Shanghai où elle travaille s’appelle le « Forget Me Not Café » – un nom qui joue sur le mot anglais triptyque signifiant « myosotis ». Il s’agit d’un établissement bien réel, en dur, dérivé de l’émission de téléréalité du même nom, dont le restaurant partage le même objectif : celui de fournir des possibilités d’emploi à des personnes âgées, atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’autres troubles cognitifs. Le café-restaurant compte huit employés séniors souffrant de tels troubles et travaillant à tour de rôle avec d’autres serveurs pour s’occuper des clients. « J’assure les tâches de base auprès des convives, telles que remplir les verres d’eau, prendre les commandes et servir les plats, et je peux désormais me rappeler tout ce qui figure au menu », explique Mme Zhu qui se rend au restaurant trois fois par semaine depuis février dernier et y travaille trois heures par jour. « Nos collègues de travail prennent bien soin de nous », poursuit-elle. « Il nous arrive de faire des erreurs mais les clients sont très tolérants ».


Mme Zhu et un collègue de travail vérifiant une commande.
HE QI / CHINA DAILY

Outre les services qu’ils assurent, les employés séniors participent à des activités d’aide sociale organisées par des bénévoles, telles que la confection de pâtisseries, la danse ou l’apprentissage de l’anglais. Les autres personnes souffrant de troubles cognitifs sont invitées à s’y joindre. « Ces activités sont essentielles pour moi », affirme Mme Zhu. « Elles réactivent le cerveau. Ce qui inquiète le plus les personnes âgées comme nous, c’est que notre cerveau végète à force d’être inactif ». Pour pallier la perte de mémoire, Mme Zhu note, sur des papillons autocollants, toutes les données dont elle veut se souvenir, par exemple le nom des bénévoles et du professeur d’anglais ainsi que des mots anglais qu’elle apprend. « Mais le fait d’être ici m’a rendue vraiment heureuse et donné confiance », confie-t-elle. Parce qu’elle comprend la douloureuse difficulté causée par les troubles cognitifs et la maladie d’Alzheimer, Mme Zhu entend aider les personnes âgées qui sont dans une situation semblable. « Nombreux sont les séniors ainsi affectés qui viennent nous consulter accompagnés de leurs proches. Je leur porte une attention particulière car je me suis trouvée dans une situation où je ressentais les mêmes choses qu’eux ». Compte tenu du vieillissement de sa population auquel la Chine est confrontée, le nombre grandissant des séniors atteints de troubles cognitifs est devenu un important problème social. Selon le septième recensement national l’an dernier, 38,77 millions de personnes âgées de 60 ans et plus ont été diagnostiquées comme souffrant de tels troubles, y compris 9,83 millions d’entre elles atteintes de la maladie d’Alzheimer. « Nous devrions nous réjouir que l’ensemble de la société se préoccupe des séniors, surtout des gens dans notre situation », considère Mme Zhu. « Le comité du quartier vérifie toujours la façon dont vont les choses pour nous et surveille d’autres personnes âgées présentant des symptômes ».


L’extérieur du restaurant.
HE QI / CHINA DAILY

Shanghai abrite d’autres établissements de restauration fournissant aide et soutien à des groupes de personnes vulnérables. L’an dernier, le café Hinchijou s’est fait beaucoup remarquer sur la Toile après que s’est répandue la nouvelle que la moitié de ses employés présentaient des handicaps, en particulier des troubles cognitifs. Également connu sous le nom de Bear Paw Café (le café de la patte d’ours), il arbore un trou dans un de ses murs par lequel passe une patte d’ours pour servir du café aux clients et offrir sa protection aux employés. En 2018, un établissement baptisé « A-Coffee » s’est monté en ville avec la particularité de former des personnes autistiques aux activités de bariste et de serveur, et de leur donner ainsi des chances d’interaction sociale.

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