Les villes en autorisent un usage accru devant les progrès rapides de la technologie.
Zhang Xinlei, un ingénieur logiciel de 28 ans demeurant à Yizhuang, une banlieue de Pékin, a l’habitude de commander un robot taxi sans chauffeur en utilisant les applications VTC sur son téléphone mobile pour des trajets tels qu’une sortie nocturne avec des amis.
Tout ce qu’il a à faire, c’est saisir les points de prise en charge et de dépose, ainsi que le nombre de passagers, dit-il. Quelques minutes plus tard, un taxi autonome approche – sans avoir besoin d’un humain au volant, bien qu’un intervenant de sécurité soit assis à la place du passager avant pour agir en cas d’urgence. La commercialisation à grande échelle de la technologie de la conduite autonome pourrait devenir une réalité plus tôt que prévu. Les sociétés technologiques en Chine ont accéléré la cadence pour une exploitation commerciale de services de robots taxis autonomes, du fait que les dispositions réglementaires dans les villes sont devenues plus favorables, notent les experts du secteur.
L’entreprise technologique Baidu a récemment annoncé qu’elle avait obtenu la première licence du pays pour offrir au public des prestations commerciales de taxis entièrement autonomes sur les voies rapides. Les nouvelles licences accordées par les autorités de Wuhan, dans la province de l’Hubei, et dans le district de Yongchuan à Chongqing, permettront à Apollo Go, la branche du service de commande de taxis autonomes de Baidu, de fournir des services payants de robots taxis intégralement autonomes, sans chauffeur ni intervenant de sécurité dans la voiture dans des zones désignées des deux villes, à raison de cinq véhicules autonome en service dans chaque ville. Au dire des experts, la Chine est en train de prendre la tête dans la recherche et le développement ainsi que dans l’application des technologies autonomes, et elle est le premier pays à autoriser des opérations payantes de robot taxi sans chauffeur ni intervenant de sécurité.
XU WEIWEI / FOR CHINA DAILY
« C’est un changement qualitatif énorme », commente Wei Dong, vice-président et agent en chef de la gestion de la sécurité des produits au sein de Baidu’s Intelligent Driving Group, avant d’ajouter que les licences sont une étape majeure sur la voie du tournant qui verra l’industrie en mesure de finalement lancer des services de conduite pleinement autonome à la hauteur de la demande. Pour être agréés, les robots taxis de Baidu ont franchi d’innombrables étapes dans la procédure des essais et de l’accréditation. Les tests se font d’abord avec l’intervenant de sécurité dans le siège du conducteur, puis le transfert de celui-ci dans le siège du passager avant, et c’est au bout du processus qu’est délivrée la licence d’exploitation de véhicules autonomes sans conducteur humain ni intervenant dans le véhicule, explique l’entreprise. Les responsables placent de grands espoirs dans le marché car la Chine a récemment publié la première ébauche de directives nationales concernant l’emploi de véhicules autonomes dans les transports publics, une initiative clé de nature à accélérer la commercialisation à grande échelle de la technologie de la conduite autonome, encourageant par là même les autorités locales à formuler des politiques de gestion, considèrent les experts. Le pays prévoit de stimuler l’utilisation de véhicules autonomes tels que les autobus dans le cadre d’un système fermé de transport rapide. Des systèmes de ce type sont conçus pour offrir un plus grand volume et une meilleure fiabilité que les systèmes conventionnels, grâce à divers dispositifs tels que les couloirs réservés aux bus. Le système fermé favorisera aussi les véhicules autonomes en proposant des services de taxi selon des scénarios simples et relativement contrôlables, indique le projet de réglementation rendu public par le ministère des Transports le 8 août dernier.
Yang Diange, professeur au sein de la faculté de véhicules et de mobilité à l’université Tsinghua, prédit que « la technologie de conduite autonome de niveau 4 va d’abord être déployée dans les taxis et les camions dans certaines zones dédiées, l’application à grande échelle d’une telle technologie dans les véhicules privés étant envisageable à l’horizon 2030 ». L’autonomie de niveau 4 veut dire qu’une voiture peut se conduire elle-même dans la plupart des conditions sans l’aide d’un conducteur humain. Le niveau 5 correspond à ce qui est généralement appelé pleine autonomie, le véhicule étant capable de se conduire dans toutes conditions. L’exploitation commerciale des véhicules autonomes fera avancer l’itération et l’innovation des technologies et aidera les entreprises à étudier des modèles économiques rationnels, permettant ainsi aux technologies de conduite autonome de générer de la valeur supplémentaire, juge M. Yang. Avec la poursuite de la maturation technologique, le secteur est appelé à croître fortement au cours des prochaines années. En valeur, les services de taxis autonomes de la Chine devraient dépasser 1,3 billion de yuan (188,2 milliards d’euros) à l’horizon 2030, soit 60% du marché des courses de taxi à cette échéance, selon un rapport du cabinet de conseil international IHS Markit. Le rapport prévoit aussi que le secteur des courses de taxi s’élèvera à 862 milliards de yuan en 2025 et à 2,25 billions de yuan en 2030, représentant un taux de croissance annuel composé de 28%.