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Ces refuges où la pensée rencontre l’éternité

Par WANG KAIHAO
Wang Zilin, commissaire de l’exposition intitulée Mirroring the Heart of Heaven and Earth: Ideals and Images in the Chinese Study présentant à des visiteurs La Préface au pavillon des orchidées écrite par Mi Fu. JIANG DONG / CHINA DAILY

Les précieux petits coins propices à la créativité peuvent revêtir diverses apparences mais une exposition révèle leur pouvoir commun d’inspirer de grandes œuvres.

La création d’un univers infini ne nécessite que des rouleaux de papier, des volumes de livres et une brosse d’écriture. Ces instruments suffisent à révéler une âme consacrée au monde métaphysique et à un style de vie raffiné. Dans l’ancienneté, des générations de lettrés chinois savaient qu’un cabinet de travail ou une « étude », que ce soit un abri miteux recouvert de chaume avec de la mousse poussant sur ses murs, ou une pièce spacieuse garnie de mobilier luxueux, pouvait servir de refuge loin de la cacophonie du monde extérieur et exprimer pleinement le pouvoir de la pensée. Le papier à lettres, la céramique, les œuvres d’art sur papier telles que la peinture et la calligraphie, ainsi que diverses reliques culturelles qui ont jadis accompagné ou attesté la culture autodidactique des anciens lettrés sont peut-être la preuve littérale d’un esprit adaptable. Pour autant, c’est probablement parce que l’on a encore besoin de visiteurs de l’époque moderne capables d’apprécier la quiétude intérieure que l’on peut s’accorder à l’atmosphère de grâce et de sensibilité qui s’en dégage.


Les œuvres d’art modernes inspirées par des études chinoises offrent une chance de dialogue entre le présent et le passé. JIANG DONG / CHINA DAILY

À Pékin, au Musée du Palais également connu sous le nom de Cité interdite, l’exposition intitulée Mirroring the Heart of Heaven and Earth: Ideals and Images in the Chinese Study (Miroirs du Ciel et de la Terre : idéaux et images dans l’étude chinoise), a ouvert ses portes le 30 août et se poursuit jusqu’au 23 octobre. « Une étude n’est pas seulement un espace où l’on peut lire, écrire et rassembler des livres », dit Wang Zilin, commissaire de l’exposition. « Elle marque aussi la filiation continue de la culture et reflète plus largement une image de prospérité sociale ».


Keshi Pingyuan Tu, réalisée par Guo Xi, est l’une des peintures clés présentées dans l’exposition.
WANG KAIHAO / CHINA DAILY

Les « Quatre trésors de l’étude », désignant les brosses d’écriture, le papier, l’encre et la pierre à encre (le mortier servant à réduire l’encre en poussière) sont les faits marquants de l’exposition. Le papier à lettres délicatement confectionné, dont certains exemplaires ont appartenu à des membres de la royauté, montre sans doute à quel point les lettrés étaient dévoués à leur travail. Le grand poète Tao Yuanming (365-427), également connu pour sa vie de reclus, s’est ainsi exprimé jadis : « Dans mes jeunes années, je suis resté étranger aux affaires de ce monde ; la littérature et la musique ont été mon refuge ». C’est cette réflexion qui lui a inspiré la conception de l’exposition, commente M. Wang. Les mots de Tao éclairent les visiteurs eux aussi, en les encourageant à rechercher leur propre cheminement pour échapper à leur routine quotidienne bassement matérielle, ne serait-ce qu’un instant.

La Préface au pavillon des orchidées, créée par le maître de la calligraphie du 4ème siècle Wang Xizhi, est vraisemblablement l’un des impérissables classiques littéraires chinois ayant pour sujet un rassemblement de lettrés. Bien que situé en plein air dans la province actuelle du Zhejiang, le pavillon figure sans doute parmi les études les plus renommées en Chine. On ignore aujourd’hui la localisation de l’œuvre originale, mais des facsimilés produits par des générations de calligraphes permettent encore aux gens de notre époque de l’apprécier et d’imaginer l’éclat de l’événement dépeint. En tant que telle, l’une de ces copies réalisée par Mi Fu, l’un des calligraphes de l’ère de la dynastie des Song du Nord (960-1127) les plus vénérés, est une pièce de l’exposition à ne pas manquer. Autre recommandation de M. Wang : la peinture emblématique de Guo Xi datant également de l’ère des Song du nord : Keshi Pingyuan Tu (« des pierres rugueuses pour aller loin »). L’automne descend sur un paysage sauvage où un versant est coupé par une rivière coulant en zigzag. Les branches tournoyantes et entortillées d’un arbre mort ressemblent à une pince et près de la moitié de l’image est laissée vide, créant un espace que les spectateurs peuvent combler avec leur imagination. Telle une artiste recluse elle-même, cette peinture n’a pas été exposée depuis plus de 20 ans.


Un coffret du 18ème siècle contenant des brosses d’écriture pour l’usage de l’Empereur Qianlong.
PROVIDED TO CHINA DAILY

L’Empereur Qianlong de la dynastie Qing aurait sans doute embrassé une carrière d’intellectuel ou d’artiste si le trône ne lui avait pas été conféré. Copiant à la main les longs paragraphes de Da Bao Zhen (« avertissements aux dirigeants »), il désirait se remettre en mémoire les exigences de bonne conduite telles que les exprimaient les anciens érudits. De même que le pin, le prunier ou le bambou étaient amplement honorés par les anciens lettrés chinois en raison de leur résistance à toute épreuve en hiver, l’Empereur Qianlong a jadis écrit les vers suivants : « Comme j’espère m’en faire des amis par temps de gel et de neige ; nos vertus naturelles font vibrer une corde sensible à laquelle nos voix font écho ». Pour M. Wang, les œuvres exposées traduisent, chez les anciens lettrés chinois, une quête de culture autodidactique qui veut dire « rectification de l’esprit, formation du caractère et réflexion courante sur sa conduite ».

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