La réserve naturelle du mont Fanjing, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, abrite plus de 7 100 espèces végétales et animales.
Les fleurs étaient pleinement épanouies au pied du mont Fanjing au début du mois d’avril, alors que des traces de neige restaient accrochées au sommet. Certaines espèces de plantes, notamment des arbres aux mouchoirs et des rhododendrons alpins, bourgeonnaient. La végétation luxuriante est une caractéristique majeure du mont Fanjing ou Fanjingshan, au nord-est de la ville de Tongren dans la province du Guizhou. La montagne ressemble à une île de verdure se détachant du vaste paysage karstique de la région. Li Guobin, âgé de 58 ans, est toujours heureux de voir la fin de l’hiver. Il veille sur la montagne depuis 15 ans. Souvent, l’homme doit se frayer un chemin au milieu des arbustes, sillonner d’étroits sentiers tortueux et escalader des falaises abruptes pour relever des traces d’activité de la faune et constater la répartition de plantes rares, tout en prenant des notes en fonction de ses observations. Il passe 25 jours par mois sur la montagne et généralement emporte avec lui une goutte d’alcool pour lutter contre le froid en hiver. Abritant plus de 7 100 espèces végétales et animales, Fanjingshan est un site important de biodiversité dans la zone subtropicale. Y résident plus de 40 types différents de forêts, comprenant, entre autres, des arbres aux mouchoirs et des ciguës, ainsi que des espèces animales menacées, notamment des singes dorés (Rhinopithecus brelichi), des macaques tibétains, des panthères nébuleuses et des ours noirs. La réserve naturelle nationale de Fanjingshan a été créée en 1978 et déclarée réserve de biosphère de l’UNESCO en 1986. Elle couvre une surface de plus de 77 500 hectares et figure sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2018.
M. Li est chargé de la section de Gaoping dans la partie nord-est de la montagne. Offrant un paysage relativement plat, cette zone est un habitat idéal pour le singe à nez retroussé du Guizhou, également connu sous le nom de singe doré. Fort de ses années d’expérience et de sa connaissance de la faune et de la flore, M. Li se sent chez lui dans la nature. Il peut distinguer des animaux les uns des autres à la seule vue de leurs excréments. De même, il peut identifier différentes variétés de plantes. Visant à mieux protéger l’activité biologique, la direction de la réserve a installé des postes d’observation dotés de matériel de surveillance. Plus d’une centaine de gardes forestiers ont monté la garde sur la montagne au fil des ans. M. Li en fait partie. « La ronde principale consiste à surveiller les activités de la faune, notamment du singe doré, et de mettre en place des mesures de protection pour ces animaux », indique Yang Zhenghai, un chef d’équipe des gardes forestiers. Pendant l’hiver, la nourriture se fait rare pour les primates. C’est pourquoi aucun effort n’est ménagé pour s’assurer qu’ils restent dans des zones contenant de la nourriture, de la mousse et des bambous épineux. Les gardes forestiers doivent effectuer au moins trois rondes par mois, chacune durant entre trois et cinq jours. Afin de minimiser l’interférence humaine, les autorités locales ont relocalisé des habitants et limité à 8 700 le nombre de visiteurs journaliers.
Parallèlement, l’administration chargée de la montagne collabore avec des instituts de recherche pour étudier la qualité de l’eau, le climat et la biodiversité du site afin de mieux protéger le milieu. Ont été mis en place un contrôle intelligent des feux de forêt, des patrouilles et des systèmes de gestion de la sécurité touristique. Des brochures concernant la protection des animaux ont été distribuées auprès des gens vivant à la périphérie de la montagne afin de les sensibiliser aux risques et aux enjeux, ainsi que de tuer dans l’œuf d’éventuelles transgressions. Depuis 2018, plus de 46 000 personnes du coin ont reçu des instructions afférentes. Près de 160 animaux ont été sauvés.
Ces efforts se sont traduits par une augmentation du volume de la flore et de la faune rares. Le nombre de singes dorés est passé de 500 en 1993 à plus de 750 depuis la création du poste de secours dans la réserve naturelle nationale de Fanjingshan il y a 30 ans.
Article rédigé avec la participation de Wang Jin.